[Le Seigneur des Balverines] Manoir mystérieux

Depuis combien de temps tournait-il en rond dans ce manoir ? L'envie de sortir d'ici se faisait de plus en plus pressante à chaque seconde mais, à vrai dire, il n'était même pas certain qu'il aurait su retrouver la sortie. Était-ce donc si compliqué d'avoir un structure cohérente ? Un escalier, une pièce plus grande qu'une autre, n'importe quoi tant qu'il pouvait enfin avoir un indice sur la probabilité de trouver le maître des lieux et de son armée de chats. Mais à part les cris de balverines et de banshees dans le lointain, il ne semblait y avoir que peu d'indications que ce manoir était habité. Peut-être que personne ne vivait ici et que ce type balançait juste ses expériences ratées - ou réussies - dans ce manoir pour s'en débarrasser ? Difficile de savoir ce qu'il cherchait à accomplir, avec tous ces enlèvements.

Avec un soupir, Fay tourna l'angle d'un couloir, jusqu'à entendre un chuchotement à sa gauche. Une part de lui espérait encore tomber sur un escalier ou quelque chose de similaire, mais il se retrouva nez à nez avec un enfant roulé en boule. Un des enfants disparus ? Fay l'observa avec une expression neutre, totalement indifférent à ses larmes. En quoi un enfant pouvait-il bien se transformer ? Existait-il des balverines enfants ? Ou bien... Il y avait une créature, mais il avait oublié laquelle. Peu importe : l'essentiel était qu'il ne pouvait pas prendre le risque de se traîner un danger potentiel. Les expériences de l'auto-proclamé "Seigneur des balverines" étaient trop inconnues, qui savait ce qu'il était capable de créer ?

Le gamin leva la tête en reniflant, tendit la main vers Fay, mais celui-ci recula d'un pas en laissa dépasser l'un de ses bras-faucilles, suffisamment pour que l'enfant prenne peur, écarquille les yeux et recule brusquement vers le mur. Alors, le rosamantis lui lança un dernier regard suspicieux et s'éloigna dans le couloir, en espérant que ce petit monstre potentiel ne décide pas de le suivre. Sinon... eh bien il le regretterait d'une manière ou d'une autre.

Un escalier se dressait finalement devant lui. Au terme d'un long couloir sombre, étouffant mais vide, Fay finit par tomber sur une petite porte qui le mena dans une pièce terriblement sombre que même ses feux-follets peinaient à illuminer.

- Eh bien, il en a fallu, du temps.

Ce "seigneur des balverines" n'avait visiblement pas entendu parler d'architecture cohérente. Ou bien Fay s'était-il simplement perdu d'une rencontre à l'autre, d'un monstre à l'autre ? Il n'en savait trop rien mais la question ne se posait plus : il posa le pied sur la première marche qui le mènerait à l'étage et, il l'espérait du moins, lui permettrait enfin de mettre la main sur le maître des lieux et de voir s'il valait la peine qu'on s'y intéresse.

L'escalier s'enfonçait dans des ténèbres plus épaisses encore, sans la moindre trace de flamme ou de fenêtre. Peut-être le maître des lieux était-il de l'une de ces espèces nocturnes - vampires, daemons, diablotins - pour qui le soleil devenait vite une malédiction ou un poison... ou bien n'avait-il simplement pas besoin de lumière. Fay élabora ses théorie en grimpant les marches, jusqu'à enfin poser le pied sur le palier supérieur.  Bien. Restait à espérer qu'il n'y avait pas des milliards de pièces, ni de deuxième étage.

L'étage était terriblement vide. C'était une constante de cet endroit, en fait, d'être désert ? Il commençait à croire qu'il s'était déplacé pour rien, que le maître des lieux n'était même pas sur place. Fay soupira. Bah, quitte à être là, autant en profiter pour fouiller un peu, il trouverait peut-être quelque chose d'intéressant. Son regard se promena sur le couloir, observa les portes, les ouvertures, jusqu'à repérer un battant épais dont il ne reconnaissait pas la composition. Une matière étrange, indescriptible. Ce fut suffisant pour attirer sa curiosité et il s'avança dans cette direction, accompagné des miaulements du chat.

La pièce dans laquelle il entra était remplie d'étagères en métal, fermées pour la plupart mais une partie avait été forcée - d'était du moins la conclusion la plus logique. Ce qui était idiot, parce que les clefs pendaient paisiblement à côté de la porte. Fay les attrapa d'un geste désinvolte et fit tourner le trousseau autour de ses doigts. D'abord, autant jouer le jeu. Peut-être qu'il trouverait quelque chose d'intéressant dans une de ces boîtes en fer.