Fay continua d'arpenter le couloir, son chat toujours perché sur l'épaule. L'étage paraissait un peu plus calme que le rez-de-chaussée ce qui, en un sens, était plutôt logique : si des créatures s'étaient échappées d'ici, elles étaient parties vers le bas, pour essayer de trouver la sortie et de laisser le manoir derrière elles. Ce qui voulait dire qu'il avait moins de chance de tomber sur quelque chose de dangereux, retardataires mis à part.

Il poussa une nouvelle porte pour se retrouver dans une pièce d'une largeur presque indécente, rempli de cages diverses et variées qui confirmaient sa théorie : le maître des lieux avait stocké des créatures un peu partout entre ces murs. Dans quel but, ça, il l'apprendrait sûrement en consultant les documents laissés à sa disposition si gentiment dans la salle des étagères. Par curiosité, néanmoins, il s'avança dans la pièce. Toutes les caches étaient vides : les pensionnaires n'avaient visiblement pas décidé de faire les choses dans la dentelle. Mais dans le doute, il retint quand même le chat quand celui-ci voulut sauter de ses épaules pour explorer les lieux.

- Non. S'il t'arrive quelque chose, c'est moi qui aurait mal.

Et souffrir parce que la magie de cette fichue planète avait décidé de le lier avec un chaton pot de colle ne le tentait pas du tout. Il intensifia la lueur de ses feux-follets. Y avait-il seulement quelque chose d'intéressant ici ?

Des rires percèrent l'obscurité et Fay réajusta sa capuche pour empêcher le chat d'avoir l'idée stupide de descendre. Des petites créatures envahissaient la pièce, moins d'une dizaine, mais leur odeur répugnante, leur face d'une laideur sans nom et leurs cris perçant le firent froncer les nez. Pourquoi tombait-il toujours sur des choses désagréables ?

Son regard se leva vers la fée et il sortit une poignée de graines de sa poche, les projetant dans la pièce pour faire pousser des roses qui s'enroulèrent autour des hobbes. Puis il s'avança vers la fée et la saisit dans son poing, amenant une de ses lames à côté de sa tête.

- Est-ce que tu parles, bestiole ?

Il n'obtint comme réponse qu'une rire agaçant et des mouvements frénétique de la bestiole. Agacée, il leva son autre main pour tirer sur l'aile de la créature, qui poussa un cri douloureux.

- Je t'ai posé une question. Je ne te lâcherai pas, alors arrête de gigoter si tu ne veux pas perdre ton aile.

La fée s'immobilisa, prouva par là-même qu'elle comprenait ses paroles. Le chat feula, Fay bougea son dernier bras, et le hobbes qui l'approchait tomba au sol tandis que sa tête roulait dans la direction opposée.

- C'est toi qui leur donne des ordres ?

La fée montra les dents et Fay accentua la pression de ses doigts. Alors la fée secoua la tête de mauvaise grâce.

- Tu les transforme juste. (hochement de tête). Et tu es quoi, pour eux, un genre de divinité ? (nouveau hochement de tête). C'est toi qui décide qui tu transforme ? (haussement d'épaule). Il y a une condition spéciale, c'est ça ? (hochement de tête).

Fay soupira. Cette fée pouvait donc transformer certains enfants en hobbe, mais pas tous. Sans la lâcher des yeux, il coupa une tige de rose et la fit pousser pour s'enrouler autour de la fée, la privant de ses mouvements.

- Tu pourrais m'être utile, je te garde. (feulement). Plains-toi tant que tu veux, tu n'iras nulle part. Ça t'apprendra à essayer d'envoûter plus fort que toi.

Sans ménagement, il la fourra dans sa sacoche puis se dirigea vers la sortie. Une geste de sa part, et les ronces se resserrèrent autour du gros cou des hobbes, jusqu'à ce que les ricanements dans la pièce ne soient remplacés par des gémissement asphyxiés. Il s'étira en faisant rouler les muscles de son dos.

- On continue.

Après tout, il commençait à y gagner quelque chose, autant essayer d'aller plus loin.