Histoire de Nitzihell
Une planète comme terrain de jeu

Chapitre 1 • La planète Terre •

Il y a 2021 ans naissait sur la planète Terre, ou l'une de ses versions, la fille d'Ixchell et Mani, déesse maya et dieu nordique de la lune. Abandonnée dans une petite ville des Pays-Bas aux soins d'une famille humaine, la petite Katarina ignorait tout de ses origines et de ses pouvoirs. Enfant, sa magie irradiait autour d'elle, créant jour après jour et nuit après nuit ce que les terriens nomment un "Cercle des Dieux."

"Les cercles transforment ceux qui y entrent", c'est ce qu'on dit sur Terre. Ce n'est pas tout à fait exact ; les cercles perturbent la puberté et y intègrent de la magie. Ils changent les enfants, oui, mais ils leurs donnent aussi des pouvoirs. Certains les obtiennent le jour même de leur naissance. Le plus grand, le moins concentré en magie, est celui d'Argentine. Le plus petit, le plus puissant, celui de Katarina. Mais c'est une histoire pour un autre temps, un autre monde.

Car après sept cent ans à vivre dans sa petite ville, à voir les gens autour d'elle vieillir et mourir, pour ceux qui ne se transformaient pas pendant l'adolescence, Katarina a fini par découvrir les légendes des Dieux. Créatures antiques et millénaires vivant dans leur propre monde, ils laissaient de génération en génération des enfants sur Terre, dieux ou demi-dieux, pour créer des légendes et entretenir la leur. Frustrée de n'être que le jouet d'une manipulation théâtrale, elle refusa de participer à cette mascarade, et elle quitta la planète.

Dès qu'elle a su comment utiliser ses pouvoirs divins, Katarina s'est exilée dans l'espace, dans une galaxie loin de la nôtre, et a fini par trouver deux soleils autour desquels créer une planète : Nitzihell. Grâce au pouvoir de création d'astres conféré par son ascendance, elle forma une sphère, et une seule île, celle qui est aujourd'hui Val'Hulm.

Nitzihell gravite autour de deux soleils : Häper et Varùo. Le premier est une naine rouge, un petit soleil plus proche de la planète et dont les rayons en frappent principalement le nord de la planète, d'où la chaleur du Pôle Nord et des régions environnantes. Il se lève deux heures avant et se couche quelques heures après Varùo, créant ce qu'on appelle "le jour rouge", moins dangereux pour les créatures sensibles au soleil, où le ciel prend une couleur sanglante. C'est la seule période de journée où les créatures nocturnes peuvent encore sortir sans trop de risques.
Le second soleil est un peu plus grand que le notre, mais tout aussi lumineux. Il se produit parfois des éclipses solaires lorsque le plus petit passe devant, créant des jours rouges un peu plus longs.
La planète possède également deux lunes, Matehold et Nataïra. Elles apparaissent bien évidemment la nuit, mais on peut les apercevoir pendant la période de jour rouge et, parfois, en pleine journée.

Chapitre 2 • La magie •

Peu à peu, elle a forgé des continents, et elle a réussi à créer un portail vers la Terre pour aller y enlever une tribu isolée, premiers habitants de sa planète. Avec eux, elle a découvert un autre aspect de son pouvoir : elle pouvait manipuler toute la magie contenue dans sa planète. Avec elle, elle transforma les humains, créa de nouvelles races, concentra l'air en puissance magique. Sirènes, elfes, daemons, vampires : la diversité s'invita sur la planète.

Avec les siècles, et avec la quantité phénoménale de magie ambiante, les habitants ont fini par développer des pouvoirs uniques. Aux alentours de l'âge de 14 ans, les petits Nitzihelliens se découvrent une faculté nouvelle, souvent en rapport avec leur personnalité ou la vie qu'ils ont vécue. Aux alentours de l'an 1800 après sa naissance, elle ferma le portail qui reliait Nitzihell à la Terre. Il est donc pour l'instant impossible de retourner sur Terre ou d'en venir. Mais certains Nitzihelliens descendent de Terriens sur moins de trois générations. La plupart ne sont pas humains, et apportent de nouvelles races, de nouvelles hybridations, une nouvelle variété constante.

Les créatures qui hantent les terres de Nitzihell sont arrivées plus tard. Capable de lire dans les pensées, Katarina les tirait de l'imagination de son peuple, des légendes qu'ils se racontaient pour expliquer les dangers de la forêt et du désert à ses enfants. Elle est aussi allée puiser dans l'imagination collective humaine de la planète Terre, inventant pour de vrai des créatures qui, un jour, finiraient sans qu'elle le sache dans des histoires de fantaisie. C'est ainsi qu'un grand nombre de créatures dangereuses se sont mêlées aux animaux terrestres. Certains n'y ont pas survécu, d'autres se sont adaptées, donnant à Nitzihell sa faune dangereuse et destructrice.

Chapitre 3 • L'empire •

De la création de Nitzihell en l'an 701 ap. K (après Katarina), à l'an 2017, la planète fut dominée par sa déesse, impératrice ultime de Nitzihell. Katarina était une déesse relativement absente et indifférente. Oui, vous pouviez prier. Vous pouviez même jurer par son nom si ça vous chantait (et si vous osiez jurer par la sainte culotte de Katarina, vous attendre à vous réveiller beaucoup plus vert et beaucoup plus doué en saut en hauteur). Par contre, le pourcentage de chances qu'elle vous écoute était proche de 0%. Non, même inférieur. C'était bien connu, sur la planète : on la priait de nous venir en aide mais on savait très bien qu'elle ne se déplacerait pas pour des pauvres péquenauds qui avaient titillé un dragon sauvage de trop près.

Malgré tout, l'empire était divisé en quatre pays, qu'elle gérait quand ça lui chantait mais qu'elle laissait le plus souvent à la charge de subalternes. Thanaliel, le plus développé, était sous sa direction directe et interdisait meurtre, vol, esclavage, torture et autres joyeusetés. Elle ne s'occupait cependant pas spécialement de faire régner la justice et préférait laisser ses gardes chercher ses criminels alors même que ses pouvoirs auraient pu les localiser et les enfermer en une seconde. Elle était cependant chargée des châtiments, et la loi contre la torture ne s'appliquait pas à elle.

Les autres royaumes étaient dirigés par des gouverneurs, qu'elle surveillait du coin de l'œil, et qui établissaient plus ou moins leurs propres lois. Vastaroth suivait le modèle de Thanaliel en un peu plus libertaire, laissant les villes et régions décider de certaines lois. Siraën avait un gouvernement presque inexistant, l'ordre n'étant maintenu que par l'armée de Fegria, et la seule loi connue étant qu'il était interdit de priver quelqu'un de sa liberté. Le reste était un peu plus flou et dépendait de l'armée impériale. Zalefan, dirigé par une assemblée de sirènes, était plus ou moins similaire à ce qu'il est aujourd'hui, moitié fermiers, moitié escalavagistes.

Malgré son observation assez constante de la Terre, Katarina veillait à ralentir l'évolution de la technologie sur sa planète grâce à un blocage magique empêchant les inventions trop évoluées à son goût de progresser. Le monde en était arrêté à un stade à peu près médiéval avec pour seules armes des armes blanches, des canons et des canons à main. Seule technologie qui fonctionnait correctement, l'eau courante permettait cependant à la population de Nitzihell de disposer de baignoires et de toilettes fonctionnelles, et la compagnie ScareDrive de taxis dragons facilitait les déplacements.

En 2015, avant que tout n'empire, les criminels en fuite se faisaient plus nombreux que jamais, surtout à Thanaliel, et l'océan voyait renaître la piraterie, ce qui le rendait plus dangereux que les routes de Nitzihell, plus ou moins sûres.

Chapitre 4 • Le feu aux poudres •

Près de 1300 ans ont fait de Nitzihell ce qu'elle est : une planète redoutable, peuplée d'humains et de non-humains, de bêtes sauvages et de plantes dangereuses tout autant que d'animaux adorables et de fleurs ravissantes. Mais en 2015, le monde a pris un tour inattendu. Et tous ont été entraînés sur un chemin que personne n'avait vu venir.

On les entendait, les murmures et les chuchotements, dans chaque pays, dans chaque ville. Une organisation se formait dans les recoins et les ombres : la Croix de la rivière. Mercenaires étrangement silencieux, soumis docilement à une figure mystérieuse, ils absorbaient les Sans-bannières, les exclus et les exilés des royaumes, pour créer une force révolutionnaire.

En parallèle, à Siraën, une jeune fille aux pouvoirs incompréhensibles, originaire de Val'Hulm, créait petit à petit sa propre organisation. Un seul but : renverser Katarina et se venger du statut de paria infligé à ses parents. Personne ne l'entendait, personne ne la voyait, mais sa révolte discrète trouva des adeptes. Et la révolution d'Alice Oniri enflait sur l'île solaire.

Les Sans-bannières commencèrent à réagir à l'étrange épidémie qui semblait vouloir les priver de leur liberté, cette femme mystérieuse qui recrutait sans retenue pour la Croix de la rivière. Une contre-attaque s'organisa lentement mais sûrement en rejoignant les mercenaires des Lames de sang, pour mettre à terre celle qu'on connaissait sous le nom de Lorka, et qui mit le feu aux poudres.
Car elle n'était pas plus humaine que celle contre qui elle menait son armée.

Personne ne sait qui a déclenché les hostilités. La Croix de la rivière, les Lames de sang, les Oniristes, Katarina elle-même ? Mais les choses finirent par éclater. En 2017 ap. K, le venin qui s'infiltrait dans les veines de la planète atteignit sa part la plus sombre, prisonnière, sous contrôle : le centre de détention planétaire fut détruit, libérant en pleine nature fous dangereux, criminels incontrôlables et pouvoir destructeurs. Cette diversion fut suffisante pour déclencher la guerre.

La Croix de la rivière, ralentie tant bien que mal par les assauts des Lames de sang, finit par atteindre Hirion, la capitale impériale. Dans le même temps, les Oniristes s'infiltraient dans le palais. Personne n'a survécu à cet assaut. Ni les révolutionnaires, ni les mercenaires, ni même la déesse elle-même. Du moins c'est ce qu'on dit.

Car si éliminer des habitants un peu trop houleux de sa planète ne lui aurait posé aucun problème, et personne n'en doute, la Croix avait à sa tête une autre déesse. Fille de Hel et d'Hadès, Lorka avaient bien l'intention de faire ce qu'elle faisait le mieux : voler cette planète, se l'approprier, et la soumettre à sa volonté. Nul ne sait ce qui se passa, ce jour-là, dans le palais impérial. On n'a vu qu'un rayon d'énergie pure remonter du palais et fuser vers le ciel. Quand la lumière disparut, il ne restait plus qu'un étrange lac iridescent. Pas de château, pas de mercenaires, pas de déesses.
Et pour la première fois, Nitzihell se retrouva livrée à elle-même.

Chapitre 5 • Actuellement •

Aujourd'hui, le monde est divisé. Les royaumes se sont séparés sous le joug de dirigeants opportunistes, et les opinions divergent, lentement mais sûrement. Là où il n'y avait autrefois qu'une certitude, l'existence de la déesse suprême créatrice de leur planète, commencent à naître des doutes. Certains croient encore en Katarina, d'autres en sa rivale, d'autres encore ont renoncé à un possible retour. Des convictions naissent dans et hors des royaumes. Oniristes, rivéristes, Lames de Sang, conservateurs ou royalistes entretiennent des opinions qui deviendront un jour, peut-être, de véritables mouvements ou factions, si un étendard assez puissants les pousse en avant. Et pendant ce temps, les agnostiques, indécis ou désintéressés, regardent le monde progresser.

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