Cela faisait... longtemps... que je n'étais pas revenu dans les terres frigides de Vastaroth. J'oserai presque dire que ça m'a manqué, si ce n'était pas pour les guerres-civiles, les trahisons, les fermes brûlées et pillées qu'on trouve sans-cesse dans ce royaume mourrant et pourissant. Enfin, est-ce vraiment un royaume? Ou juste une bande de boyars sans foi ni loi qui se jettent dessus tel des chiens sous le regard d'un loup affamé et s'attachant à un throne en cendres et os?
En tout cas, je suis revenu, cherchant une réponse, cherchant une petite vengeance pour une offense envers moi et mes objectifs. Depuis la subjugation de mes marionettes pour défiler héroïquement à Hirion, j'ai tracé la route de ces trafiquant de bêtes sauvages jusqu'à ici, cette ville insignifiante d'un état-cadavre. Varmille...
Ah Varmille...
Toujours aussi.. spéciale, disons. Producteur d'Ocre et de Vins, il serait fou de dire que je ne suis pas intéressé par leurs méthodes et leur économie. Après tout, mon domaine à Thanaliel dépends des produits agricoles pour son économie et ma trésorie personnelle. Mais je ne suis pas là pour ça, je n'ai pas le temps de m'y attarder. Mon temps est compté, attirant déjà l'attention par mon apparence humaine dans une ville de daemons, diablotins et autres non-humains. Les gens comme moi sont rarissimes, surtout que je suis un étranger, un voyageur, pour ces natifs.
Je voyage depuis peu sous un alias, un que j'ai fait fabriquer par de grands soins. L'on m'avait proposé d'être marchand, mais mon apparence ne ferait que nuire à ce genre de couverture ridicule. Je suis bien trop armé et doté de cicatrices pour être une personne inoffensive. Alors je me suis dénommé Pacifique Azret Stobkowiczav, un chasseur des montagnes d'or descendu pour chercher des vivres. J'ai dû laisser derrière-moi mon uniforme militaire personnel et sur mesure pour prendre des habits plus sauvages et plus adapté à l'environement de Vastaroth. Je porte sur moi une chemise de lin beige et un pantalon de laine. Par-dessus j'ai une petite veste teintée en vert de laine et un manteau en peau de bête avec une fourrure en collier de loup. Le seul détail que j'ai refusé de changer était de prendre un arc et une dague uniquement et de laisser mon sabre militaire dans le domaine. Non, mon sabre est trop personnel pour ça. Je peux pas m'en séparer. Il m'a accompagné depuis mes 16 ans, duré à travers tous mes combats et que j'ai réparé personnellement! Je... Je dois le garder avec moi, toujours, tout le temps.
En conséquences, me voilà, seul, en secret, pouvant mourir d'un simple aléas. Mais la vie ne serait pas la vie si ce n'était pas le cas, non? Je venais de passer bien deux jours à écouter les rumeurs, les petits mots, observer les regards. C'était louche, il se passait bien quelquechose ici. Est-ce que j'allais trouver l'homme qui a joué avec mes pions? Si je le saisissait, je jure que je vais m'occuper de lui lentement. Je vais lui arracher les dents une par une avec une pince couverte d'eau bouillante! Personne! Je dis bien, personne! Personne ne touche à mes pions comme ça et s'en sort impudément! Des informations capitales auraient pu fuiter! Mon plan tout entier aurait pu échouer ou pire encore, être compris par le gouvernement de Thanaliel! Si ils avaient découvert que j'étais le sponsor du groupe que j'ai détruit moi-même pour construire une réputation... Ma tête et celles de toute ma famille aurait roulés sur le sol humide en pierre de la place publique de Tershul.
Il manque un arafir.
Mes pensées sont interrompues par le marchand itinérant devant-moi. Je gronchonne un peu avant de sortir une pièce.
Vous-êtes un sacré pince-sou! Sept arafirs pour un sachet de poudre?!
Hé, désolé mais ma poudre vient de Siraën, c'est de la qualitée et ça coûte de raporter!
Je prends avec une certaine irritation le sachet de poudre que je range à ma ceinture.
...vraiment cher pour rien que ça...
Et pis, vous prévoyez de chasser quoi avec ce genre de truc? Du gros dragon?
Quelquechose du genre.
Et beh... pas très parleur... Bon bah, passez une bonne soirée, monsieur Pacifique!
Je m'en vais du chariot marchand et me dirige vers un coin du marché, doté de ce que je voulais. J'avais pris le temps de repérer l'endroit le plus sucéptible d'être la planque. Ce n'est pas certain... mais je ne pourrais pas l'être. Mon temps est compté de toute façon: si je reste trop longtemps on va douter de mes intentions et donc ensuite de mes origines. Il me faut agir maintenant, même si ça peut foirer et résulter en leur évasion de Varmille.
Une grande maison, probablement un entrepot, se trouve dans un coin de la citée. Des gens assez douteux passent régulièrement, certainement des criminels pas très discrets vu leur tronche. Mais bon, à quoi ça servirait d'être discrèt quand la citée est distraite par des affaires plus importantes. Varmille est proche de la forêt des crânes, un excellent endroit pour capturer des bêtes dangereuses qui seront revendues. Je me préparais donc à attendre la nuit pour attaquer par une partie plus vulnérable. Un des murs est peu patrouillé, faisant face à des allées peu fréquentées et ayant aucune porte ou fenêtre pour entrer. Avec le sachet de poudre, je prévois me faire une entrée suplémentaire qui malheureusement attira l'attention. Mais qu'importe... Je suis venu pour trancher les gorges des personnes qui m'ont offusqué, pas pour avoir de la pitiée ou faire une frappe politique.
Le jour rouge touche vers sa fin. Je me cache dans une des allées, surveillant les mouvements de torches dans la nuit. L'odeur de brûlé taquine mon nez alors que je remarque qu'un type de plus fut assigné et il surveille ce côté. Merde! Je vais devoir l'éliminer, d'une façon ou d'une autre.
Je relève la capuche de mon manteau de peau animale et j'avance doucement, tout doucement...
Tant d'effort pour trouver un seul homme. Nanét n'as pas d'intérêt à la filature, mais cette cible est si mouvante, une véritable horreur. Pour ne pas la perdre de vue au court de cette semaine, elle a du le faire suivre pas un Bombardier cuivrée, sa tour est dressée depuis une semaine rien que pour un homme, si ce n'est pas des efforts gâchés. Même si seul cet homme pourra la voir, si le bombardier est découvert, elle devra mettre toutes personne l'ayant vu à feu et à sang ... Ou les laisser s'entre-tuer, après tout pourquoi faire le sale travail ? Elle, tout ce qu'elle veut faire maintenant, c'est manger.
Elle a faim, assise sur le rebord de sa fenêtre, agitant faiblement des elles alors que son regard fixé le vide. Ayant pris refuge dans les hauteurs de la ville, dans l'une des plus grandes tours délabrée à souhait et cachant en partie la sienne, qui est bien plus haute, la daemonne ailée prends le temps d'apprécié cette journée rouge. Pour son espèce, c'est le seul jour où elle peut sortir sans attendre la nuit, même si à force cela ne la gène plus.
" Celui que tu veux, c'est l'homme à la main d'argent, c'est bien cela ? "
Tournant longuement la tête, la jeune femme croise son regard avec celui d'une femme à l'apparence plus mûre qu'elle, mais sans doutes du même âge à cause de leurs espérances de vie différentes. La diablotine tremblante sur un semblant de lit hoche la tête, pas plus vêtue que la daemone et pourtant en bien plus piteux états. "Oui, sa tête suffira, ou sa main ..." confirme t'elle. La musicienne détourne le regard à nouveau vers les rues de cette piteuse ville. Laissez des carcasses à moitiés dévorés à des loups et voilà la société que vous obtiendrez, des rapaces ne profitant pas des compétences de leurs corps.
" Je ne me suis jamais décidé sur ce que j'aimerais en échange. "
La petite femme à la peau bleue a été très claire, tout ce qu'elle avait, cette tour incluse, pour la mort d'un seul homme, sans regard sur les dommages collatéraux. Pourquoi, ça, ce n'est pas à Nanét de le demander. Elle s'en moque de ses raisons, au delà de son corps, elle se moque même d'elle dans un sens. Se moquer des êtres vivants ... Peut-être que sa récompense ce sera la diablotine, avoir un publique ça lui manque.
De toutes manières, c'est l'heure. Attrapant ses vêtements, remettant son pantalon en lin raccourci aux mollets, son soutien-gorge et sa lourde veste en cuir de Charmeuse, couvrant le tout de ses ailes, la propriétaire de la tour de Babylone était prête. Elle se laisse tomber du haut de cette tour, confiante que ses ailes arrêterons sa chute aux vues du nombre de fois qu'elle a tenté de passer outre leur réflexe et même si elle y arriverait, sa tour ferait tout pour éviter sa mort. Sans ouvrir les yeux, ses ailes se déploient et donnent un puissant coup dans le vent pour arrêter sa chute, lui permettant de poser ses pieds sur le sol, moment où elle décide enfin d'ouvrir les yeux.
" Cinquante-sixième échec. Cause : ailes "
Plaçant ces dernières sur ses épaules pour la couvrir, la daemone aux ailes noires s'avance vers sa cible, grignotant en chemin ses ongles, tapant l'avant de son pied avant de laisser poser son talon en délicatesse, la faisant déambuler de toutes les manières, sauf en ligne droite. Si à défaut d'être orthodoxe et de lui aller très bien, sa démarche ne lui vaut pas que des regards curieux, est-ce qu'elle arrivera à se frayer jusqu'à la main d'argent.
Passant nonchalamment d'une rue à l'autre, elle ne remarque pas le garde supplémentaire d'aujourd'hui, faut dire que son taux d'attention est bien bas lorsqu'elle a faim. Elle pensait pourtant avoir mémorisée le nombre et l'emplacement des gardes, sa mémoire lui aurait fait défaut ? Ou peut-être s'est-elle réservée la surprise d'un en-cas. Déployant ses ailes pour cacher au monde la tête du garde et la sienne, passant ses bras autour de son cou, quelques cris se font entendre avant que ce dernier retombe sur le sol, méconnaissable et sans ombre.
Nanét pose alors ses doigts sur ses lèvres, retirant le sang s'y étant logé, frottant vigoureusement jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, en venant même à donner des coups de langue sur son poignet pour aider.
" ... J'ai encore faim. Peut-être aurais-je du demander à manger ... Mais j'aime pas demander."
Confuse maintenant que des doutes planent sur sa mémoire. La daemone aux ailes des plus noires regarde la rue, l'oeil dirigée vers le seul être vivant y étant encore sain avant de tourner la tête dans une particulière direction. Se léchant les babines avant de replier ses ailes et de reposer son regard sur l'homme, lui non plus ne faisait pas partie de l'équation.
Je me tennait prêt à attaquer le garde supplémentaire le moment où il se rapprocherait, dague en main et une main de libre pour le saisir et le tirer dans l'ombre. Je pris soin de cacher mon visage autant que je pouvais. L'odeur de la torche s'approche, agressant mon nez. La lueur ambre des flammes se peint sur le mur de pierre et de bois de l'entrepot. Le son de fer accompagne celui des pas, quelques morceaux en dur de l'habit de ce "garde" tennant plus du mercenaire que de l'homme honnète. Le cuir de sa veste grinça alors qu'il s'arrêta avant que je puisse le voir, m'étant callé contre le mur opposé à lui pour pas être visible et le surprendre. Je ne peux que distinguer l'ombre au sol, venant jusqu'à moi.
L'homme semble soudainement bouger comme si il fut saisi de peur et par quelquechose, pourtant je ne vois rien. Un petit cri soudain se fait entendre, un de douleur. Puis... plus rien. Un son d'impact contre le sol résonne, comme si l'on venait de faire tomber un sac rempli de viande ou de patates. Je ne vois plus d'ombre claire, la torche étant probablement tombée au sol... En fait, je ne vois pas la moindre ombre.
Je range ma dague et je met doucement la main sur mon sabre militaire, prêt à le dégainer dès que nécessaire. J'aurais dû me concentrer et utiliser mon pouvoir au lieu d'être distrait comme ça! Je ferme les yeux et fais très attention à ce qui m'entoure.
Le garde est au sol, sans ombre. Une personne de petite taille, une daemone ailée, se rapproche, finissant de se lécher ses lèvres ensangletées. Je prépare à nouveau ma dague, la faisant transperçer un bout épais de cuir et de tissu que j'arrache à mes vêtements. Les Daemons mangent les ombres. Je sors d'un coup rapide de ma cachette et jette immédiatement ma dague avec le morceau qu'il traverse sur la torche, l'étouffant avec le tissu et le coup d'air provoqué par l'impact.
Plus de lumière... Plus d'ombre à voler...
Je dégaine mon sabre militaire, restant ferme et à distance de la créature nocturne. On dirait une gosse. J'aime pas ça...
Je ne prononce aucun mot, surveillant ses mouvements avec les yeux d'un ancien aventurier. J'ai combattu bien des bêtes dans ma vie, mais tout le monde qui fait ça sait que les plus dangereux sont ceux doués d'intelligence... surtout les êtres civilisés.
J'espère qu'elle ne sera pas hostile, mais le corps devant moi me permet de poser un gros doute sur les intentions de cette daemone. Tant-pis, un cadavre de plus ou de moins, ça ne me posera pas plus de problèmes, ça ne pésera pas plus sur ma conscience.
Dégage, gamine.
Je reste sur mes gardes, relevant la lame de mon sabre pour le pointer vers elle si elle ne recule pas. Je ne prendrais pas de chances.
Mais, si le simple nom de "L'homme à la main d'argent" venait à sortir de sa bouche, la situation pourrait venir à changer. Je doute pourtant fort qu'une simple gosse comme ça saurait quelquechose, je pense plus avoir affaire à ce qui au pire est une meurtrière folle qu'à une source potentielle d'informations.
Quoiqu'il arrive...
...Je ne fais confiance à personne, encore moins à des races dangereuses.
" Tu n'as pas la main que je cherches, il est bien plus loin. "
Pourquoi éteindre la lumière, à quoi cela l'avancerait ? Il veut peut-être garder son ombre, mais cela est se donner beaucoup trop d'importance. Ses ailes frémissants, Nanét regarde dans la direction de son bombardier cuivré. Sa cible n'est pas si loin, est-ce que cet homme chasse aussi sa cible ? Que doivent-faire deux prédateurs voulant la même chose ? S'entre-tuer ? Cela serait dans le thème de la ville. Clignant des yeux, Nanét décide de se diriger vers cette main d'argent, laissant là l'humain lui ayant dit de partir. Elle n'a pas particulièrement envie de manger la même chose deux fois de suite, même s'il faudra définir pour ça si c'est un humain.
La marche sera longue pour atteindre son objectif et pour cause, le bombardier qu'elle utilise n'est pas dans l'entrepôt, mais bien plus loin. La distance est si longue et la nourriture si affluente. Laissant sa langue sortir de sa bouche, ses yeux s'embrasent et sa tour émergent du sol et de ses songes, s'élevant dans les cieux à des hauteurs que les vivants espéreraient atteindre. D'autres sons parvinrent à ses oreilles, des renforts ? Ceux là elle connait leurs existences, rien d'insurmontable. Comme le ferait un post-it sur un frigo, Nanét répète ses objectifs et ses probabilités de réussite, cherchant à ne pas les perdre de vue.
" Cible localisée, distance la séparant de Babylone ... Calculée. Prendre sa main d'argent ou sa tête, négliger les moyens pour y accéder, définir la récompense. Possibilité non négligeable d'échouer. "
Les renforts approchent de plus en plus, mais ne sont pas la cible de la daemone ailée. Haussant la voix et tendant les bras vers le ciel, un bref chant lui échappe et fait apparaitre de sa tour des vouivres de métal et d'acier, crachant des sons mêlant le catastrophique et le beau, le paradoxe entre leur aspect sortant de conte d'horreur et la douceur du chant les ayant appelés. Ces gargouilles d'acier se perchèrent sur les rebords de la tour avant de décoller lorsque Nanét le fait, s'entourant de ses créatures pour se faire passer pour un simple vole de monstre.
La destination de sa cible, de l'homme à main d'argent, était assez flou, presque aléatoire. Peut-être ... Un doute se fait dans l'esprit de la daemone ailée qui accéléra. Peut-être que cet homme sait qu'il est suivit ? Nanét ne connait rien de lui, peut-être que son bombardier s'est fait repéré ? De ce qu'elle sait, rien ne montre que c'est le cas, mais dans les divers véhicules suivant sa cible, moult bêtes résident, de très dangereuses se trouvant dans la peut-être plus dangereuse forêt des crânes. Cela a tout l'air d'un traquenard. Atterrissant en plein milieu de la route de cet homme, Nanét pointe son épée-baguette vers les chevaux, puis lève cette dernière vers les cieux, faisant disparaitre sa troupe de vouivres à corde.
" J'ai faim ... Apparait, Babylone"
Le bombardier suivant jusque là le cortège se met à le dépasser pour percuter un des cheveux, lui explosant au visage et propulsant l'autre bien loin de la route. Le sourd son de la tour de Babylone s'élevant une nouvelle fois dans les yeux se fait entendre, prenant cette fois place devant le cortège supposé de l'homme à la main d'argent et derrière la jeune fille à l'estomac grondant. Ce n'est pas une bonne idée d'utiliser la moitié de sa tour lorsqu'elle a faim, mais dans l'optique où elle a faim, vaut mieux avoir de quoi énerver les bêtes. Abaissant sa baguette et prenant un pas en arrière, deux bombardiers sortirent de la tour pour exploser sur les autres chevaux, profitant de leur petite taille pour passer dans le mince interstice que laissait les deux portes s'ouvrant lentement.
D'un battement d'aile, Nanét se retrouve sur le chariot le plus proche, souriant alors qu'une humanoïde mécanique se tient dos à elle. Cette figure bien plus grande que la petite anorexique et aux articulations brillant d'un pure bleu se met à émettre une mélodie de boite à musique, amenant petit à petit la faim sur les créatures vivantes des alentours.
Je reste là, prêt à frapper. Qu'est-ce qu'elle raconte? Elle connaitrait mes intentions ainsi que l'identitée de cet... individu? Doucement, mon pied droit bouge en arc, se mettant sur le côté et me donnant une pose défensive pour contrer toute attaque de sa part. Avec mon abilitée, personne qui est mon égal... voir mon supérieur... ne peut me vaincre ou me prendre par surprise.
Et puis... je la vois se retourner dans l'avenir proche. Elle va s'en aller, me délaissant comme un simple passant, un peu comme l'on ignore les fourmis. Arrogance, indifférence ou stupiditée? Je l'ignore, en tout cas qui que soit cette personne ou créature, elle semble user sans remords de ses pouvoirs, qui plus-est semblent assez puissants.
Une tour apparaît, une bâtisse qui ne devrait pas exister, qui n'était pas là il y a une seconde. C'est assez irréel tout ça. Quelqu'un qui utilise aussi ouvertement son pouvoir est ou bien trop puissant, ou bien trop fou et stupide pour réaliser ce que cela peut impliquer long-terme. En tout cas, mon chemin se trouve bloqué dans cette direction.
Derrière-moi j'entends des hommes de main au criminel que je traque arriver, me laissant guère de choix.
Merde!
Je ne peux pas rester passif plus longtemps. Je prends la bourse de poudre et la jette en flammes sur le mur, faisant exploser la maigre structure en bois avant de m'y enfoncer. Je marche à travers la fumée et les débris en suspension, frappant d'un coup aserré les deux pauvres idiots qui étaient à l'intérieur. Ils n'ont pas eu le temps de me voir, moi je savais déjà où ils étaient exactement, je savais où ils seraient et je savais où ils me frapperaient. Je tranche le cou du premier de mon sabre, faisant un peu paniquer son collègue. Ce dernier n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait avant de se faire transperçer par ma lame d'acier.
Le calme retombe à l'intérieur alors que les rues s'agittent. Je regarde autours de moi pour constater que l'entrepot fut vidé de ses biens. Il n'y a que quelques cages vides et sanglantes, le fer tordu par des coups violents. De la paille couvre le sol, imbibant les lieux d'une odeur écoeurante de bêtes. Parmis les brins, des documents éparpillés sans raison visible. Parmis eux, des lettres, des transactions, des ventes, des commandes mais plus particulièrement un document m'intrigue. Je le ramasse au sol, un parchemin abimé mais encore lisible, une vulgaire recopie d'un original. C'est un titre de vente, celui d'un navire.
Un navire qui serait déposé sur les plages de Vastaroth, au nord, de l'autre côté de la forêt des crânes. Diablerie! Cette saloperie cherche à me filer entre les doigts ainsi! Putain de merde!
Je sors furieux, me retrouvant face à des têtes visiblement durcies par des combats passés. Ils portent des habits en bric à brac à peine attaché ensemble pour constituer une pâle parodie d'armure.
Et bah, et bah. Regardez donc ce que le chien a ramené.
Tu t'est perdu le schnoc?
P'tet que tu veux te cacher sous les jupons de ta mère?
Ha ha ha ha!
L'un d'entre eux tente de me crasher au visage, manquant lamentablement sa cible.
Je n'ai pas de temps à perdre avec des sous-races de vôtre espèce.
Quoi, t'as peur, le pueur-de-queues?
Je soupire. Je pourrais les tuer là et maintenant, mais j'ai plus pressant qu'une bande d'attardés voulant se faire passer pour quelquechose qui vaut plus que ce qu'ils mangent.
Url!
C'est pas souvent que je fais appel à elle. Je sais qu'elle préfère garder sa propre vie et je respecte ça, mais j'ai besoin d'elle et j'espère qu'elle peut le comprendre.
Hurle? Qu'est-ce-t'as le sblof?
Un son plus reptillien résonne alors dans les cieux. Une certaine créature, invisible dans la nuit de part ses couleurs, survolait alors la citée. Le grognement profond d'un Dragon Noir se fit à nouveau entendre alors qu'Url, mon famillier, mon vrai famillier, vient à atterrir à mes côtés, ses ailes se rétractant pour réussir à rester relativement confortable dans l'allée.
D....Dra...Dragon?!
Merde, les gars, ça vaut pas nôt' fric ça!
On se barre, on se barre!
Sans demander leur reste, la bande de malfrats déguerpirent. Certes, il n'y a pas réaction plus raisonable face à un dragon, si plus-est, un Dragon Noir, une espèce que certains pensent éteinte tellement ils sont devenus rares.
Merci Url, j'ai besoin de tes ailes. Nous devons rattraper un homme, il voyage probablement avec une escorte et des cages.
Je récupère un peu de paille de l'entrepot et le fait sentir à Url. Elle est intélligente et doté de très bon sens, elle me retrouvera ces vauriens, particulièrement cet "Homme à la main d'Argent" ou que diable il veut s'appeller. Il va payer cher.
Je monte sur le dos de mon famillier avant de décoller avec elle vers le ciel. L'on survolle Varmille en pleine nuit, voyant en dessous de nous les flammes des lampes et des torches.
D'un coup, Url commence à accélerer dans une direction particulière.
Hé, tu penses pas qu'il aurait essayé de la contourner? Personne serait assez fou pour traverser cette jungle hostile!
Url ne pousse qu'un grognement, j'oubliais presque qu'elle ne pouvait pas parler.
Bien, si tu le dis, c'est toi qui vole après tout.
L'intervention de Nanét les fait s'agiter. Certains pointent leurs doigts vers le ciel, d'autre, les moins bien payés, prennent la fuite. Quelques uns avec un q.i. supérieur à celui d'une huître ont la décence de se disperser pour minimiser les dégâts. Cela n'aide pas que les chariots abritent également des arbalétriers. Que faire si la main d'argent qu'elle cherche se trouve à l'intérieur de l'un de ses chariots ? Les attaquer avec ses vouivres deviennent bien plus limité, mais d'un autre côté, autant les empêcher de fuir plutôt que de les harceler.
Regardant son automate, la démone noire envoit son automate fouiller chaque chariot un à un, sa faux s'occuper des divers projectiles qu'on pouvait lui lancer, même si les arbalétriers étaient plus concentrés sur les vouivres les bombardant en piqué depuis quelques secondes semblant durer des minutes. La mangeuse d'ombre peut donc se concentrer sur le chariot qu'elle escalade, pointant l'épée lui servant de baguette sur le toit avant de l'abattre pour le faire céder.
Aussitôt la toiture cède qu'un carreaux d'arbalète vient se ficher dans son aile droite. Attaquer une demoiselle à vue, décidemment. La faim étant bien trop grande pour que Nanét puisse ressentir de la douleur autre que cet appétit déchirant, elle peut se concentrer vaguement sur les habitants du chariot. Un Bavilene, en cage heureusement, et quatre individus dont celui qui a tiré le carreau. La lanterne posée sur la cage causera leur perte, Nanét n'a pas à beaucoup s'inquiéter, juste à manger.
"Descendez-la-!"
L'homme ayant ouvert son clapet au lieu de préserver sa vie est un humain doté d'une côté de maille partielle et abîmée, du plus mauvais goût pour l'experte en armure qu'est la daémonne, avec des habits trop épais. C'est celui ayant percé d'un carreau l'aile de la daémonne noire, il porte en conséquence une arbalète mono-coup semblant bien difficile à bander et donc puissante. S'il arrive à tirer une nouvelle fois, autant dire que Nanét ne ressortira pas indemne du chariot. La première ombre qu'elle dévore est donc la sienne, peu avant que cela soit son épée qui se mette à table.
Une fois lui mort, les trois autres n'était pas suffisamment loin de la lumière pour que Nanét ne s'éclate pas la panse en les mangeant. Galatea semblait continuer ses recherches, son intelligence étant tout de même assez limités, mais au moins plus loin elle va mieux l'appétit de son invocatrice va. Elle devrait même en profiter pour se nourrir, ce n'est pas comme si le cannibalisme gêne l'évadée, mais est-ce que la bête dans la cage est hostile ? Dans le doute, Nanét lui envoi un des quatre mercenaire sur le dessus de sa cage, à voir ce qu'il fait avec, la musicienne elle préfère laisser le sale boulot à Galatea et se nourrir pour ne pas mourir ou vomir de faim.
" Mh, la mission va être compromise. Je sais. Je vais libérer ce qu'il y a dans les cages comme ça j'aurais pas à m'occuper de tout toute seule. "
Et sur cette spontanée décision, entendant au loin des grognements ne lui plaisant guère, elle ouvre la cage et s'envole aussitôt, rejoignant son automate qui commençait à s'agiter.
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