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Lugen Hadsmark-Keuneg

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Ven 10 Juil - 1:03 Fiche validée

Le Croc (Lugen Hadsmark-Keuneg)

« Tous paient. »
Âge : 27
Pays d'origine : Vastaroth
Pays actuel : Vastaroth
Métier/Activité : Chasseur de prime et mercenaire
Arme(s) : Lance - javelots - chaines surmontées de crochets

Description mentale

Jamais il n'a été connu de moi.
C'était l'espoir que j'avais autrefois,
Qui disait que je l'avais dès mon enfance trouvé, et qui faisait naitre cet émoi.
Il y a dans les esprits, les cœurs et les âmes tant de foi,
Tant de mains qui se serrent et d'implorations qui montent en chapelets.

Les méandres obscurs de mon labyrinthe me sont étrangers,
C'est un inconnu qui y erre, et que je tente de détailler,
Je voudrais percer les brumes couleur de jais,
Et planter mes crocs dans cette chair et l'entailler,
Je crois parfois apercevoir son visage : il me semble très laid.

Je me divise et me rassemble et souvent certaines parties meurent,
Ce sont des sacrifices propitiatoires, ils appellent la pluie,
Mais le sol est stérile, et toujours renait la tumeur,
Ma seule nourriture, dont la chair est le fruit,
Je voudrais avoir sur langue autre chose que le gout amer du fer.

Il faut pourtant faire autre chose que construire des barrages,
Et regarder se propager les fêlures sur la pierre des murs,
Le mouvement sans doute révèlera de meilleurs rivages,
Sur lesquels les cultures de seigle étendront leur brune chevelure,
Alors peut-être serai-je enfin à mon tour, le plus doux des mammifères.



Lugen est un être taciturne et peu bavard, ayant pour habitude d’économiser grandement ses paroles, au point de souvent passer pour muet ou mentalement déficient. Il n’est pas rare qu’il se contente dans ses moments les plus loquaces d’un borborygme ou d’un grognement rapide pour manifester la complexe palette de ses émotions et les réactions variées que son environnement a souvent tendance à provoquer en lui. Au-delà même de ces considérations sur la forme que prend souvent sa laconique expression orale, il n’est pas homme à rechercher activement la compagnie de ses semblables ou la sécurité des villes, préférant de loin celle de ses bêtes et la liberté offerte par les grands espaces de la nature. C’est de fait un survivaliste accompli, possédant de grandes connaissances dans des domaines aussi variés que la botanique, la zoologie, l’anatomie, mais aussi la couture ou la cuisine (bien que ses façons austères font qu’il se contente souvent d’un morceau de viande fraichement chassé et sommairement grillé, ou à défaut, salé et conditionné).

Il est difficile de savoir au juste ce qui le motive, et lui-même n’en est pas certain. Il porte en lui de nombreuses blessures, qui le hantent dès qu'il tente de se reposer ou de dormir. Jeté dans la guerre alors qu'il était encore un jeune adolescent, il a du pour survivre et conserver une partie de son esprit s'adapter tant bien que mal, et les traumatismes se sont rapidement accumulés, laissant un être incomplet et mal guéri. Bien qu’il ait de nombreuses fois contemplé la possibilité du suicide, il possède en lui un instinct de survie extrêmement développé, qui fait qu’il repousse à chaque fois qu’elle émerge cette possibilité. Oscillant entre un désespoir existentiel profond et une envie transcendante de vivre, cette alchimie paradoxale produit en lui de violentes pulsions, et l’inonde d'une forme de rage froide et diffuse, n'attendant qu'un exutoire propice pour se manifester, parfois dans de manière particulièrement macabre dans des pratiques indicibles. S'il lui serait facilement possible, et sans doute bien plus agréable, de vivre en total ermite, de se couper de la civilisation et de couler des jours relativement paisibles dans un coin isolé de la planète. Il n’en est pourtant rien, et si Lugen espace autant que possible ses visites dans les divers centres urbains qui croisent son chemin de nomade, ces dernières n’en restent pas moins très régulières.

Il tente bien de les justifier par sa passion de la lecture, et le besoin de gagner un tant soi peu sa vie. Il passe en effet le plus clair de son temps libre plongé dans tel ou tel ouvrage, cherchant dans les anciennes histoires ou dans les manuscrits savants quelque chose qui puisse le tirer de son quotidien morbide, même temporairement. Ce besoin découle sans doute en grande partie de sa profession de choix : Lugen est en effet un mercenaire accompli, et s’il a choisi en premier lieu de se spécialiser en tant que chasseur de prime, il est dans les faits prêt à accepter n’importe quelle besogne capable d’éveiller son intérêt. Il ne reste en effet pas grand-chose du jeune garçon souriant au grand cœur qu’il a été autre fois, et l’homme qui a pris sa place est un être aux sentiments atrophiés, doté de capacités d’empathie proche du néant. S’il n’éprouve de fait aucune jouissance dans le fait d’infliger de la douleur à autrui, il se voit en revanche comme un chasseur accompli, et sa définition de ce qui peut constituer une proie est excessivement large. Plus que toute autre chose, c’est sans doute ce besoin de trouver des cibles toujours plus dangereuses qui le motive à revenir sans cesse à cette civilisation qui l’indispose. Ses méthodes sont généralement extrêmement brutales, et couplés à son style de combat, il n’est pas rare qu’il laisse derrière lui des scènes de carnage d’une rare violence. Il est globalement très rare qu’il envisage même de laisser son adversaire en vie, la seule exception notable se trouvant dans ces contrats qui réclame qu’il ramène quelqu’un vivant. Plus que la particularité physique qui orne sa bouche de deux grands crocs de serpent, c’est ce mode opératoire qui a fait qu’il s’est rapidement retrouvé affublé d’un surnom que lui-même n’apprécie que très moyennement : le Croc.

Il a parfaitement conscience de l’image qu’il projette, et n’hésite pas en jouer, que ce soit pour accélérer l’obtention de ce qu’il désire en intimidant ses vis-à-vis ou pour obtenir les contrats les plus désirables. Malgré cela, l’individu dispose de côtés difficilement devinables au premier abord. Conséquence sans doute relativement logique de sa passion pour la lecture, le chasseur de prime s’est mis à écrire de la poésie, et s’il juge que ses incursions mal assurées dans ce domaine doivent à tout prix rester secrètes, il persévère néanmoins avec un enthousiasme forcené. S’il a réellement du mal à se lier avec ses congénères, cette difficulté est en revanche totalement absente lorsqu’il interagit avec ses animaux. Il a pour eux une affection réelle, et prend grand soin de leur bien-être. C’est particulièrement le cas avec son familier, qu’il traite plus comme un frère estimé et aimé que comme sa possession et sa monture. Il étend de manière générale sa bienveillance au monde animal en général, traitant par exemple le butin de ses chasses avec une dévotion presque religieuse, s’assurant toujours d’utiliser le moindre morceau de leur dépouille et de leur rendre hommage, au moins à sa manière. Il s'impose ainsi nombre de rituels, et refuse en toute occasion de déroger à sa discipline. C'est malgré ses nombreux un être possédant une volonté d'acier, et il se soumet chaque jour à une série d'exercice physiques particulièrement rigoureux afin d'entretenir à la fois sa forme physique et ses talents de combattant.

Quant à ses semblables, il les traite avec la même rigidité protocolaire, en suivant un protocole qu'il a depuis longtemps établi et dont la présence familière lui apporte une mesure de sécurité lors de ces interactions si inconfortables. Si le qualifier d’honorable serait sans doute trop généreux, Lugen évite néanmoins autant que possible de mentir et de violenter ceux qu’il estime ne pas l’avoir mérité. Il a même une affection particulière pour les enfants, et s’il aura du mal à la manifester et à gagner leur affection, ces derniers relents d’humanités laissent parfois entrevoir aux rares personnes qui le côtoient régulièrement quelque chose d’encore bon en lui. S’il a peu de connaissances, et fait tout pour restreindre autant que possible son cercle social, il saura en revanche se montrer aussi reconnaissant que rancunier, refusant de laisser la moindre dette non résolue, et mettant un soin particulier à s’assurer que les intérêts soient intégralement remboursés. Il pourra donc de manière très surprenante faire un camarade très fiable, pour peu que l’on puisse tolérer ses méthodes extrêmes et son caractère insupportable.
Description physique
Sexe : Masculin.

Orientation sexuelle : Tayka'suma.

Yeux : pupilles verticales et ophidiennes, couleur orangée et sale.

Cheveux : Bruns.

Traits du visage : Anguleux, comme taillés à la serpe. Lèvres fines, canines rappelant les crocs d'un serpent, extensibles. Langue longue et préhensible, fourchue.

Taille : Un peu plus de deux mètres.

Poids : cent quarante kilos.

Marques visibles : De nombreuses cicatrices sur le visage et le corps, plus ou moins bien refermées.

Habillement : Sobre et simple lors des rares occasions suffisamment importantes pour qu'il quitte son armure. Il porte sinon cette dernière la plupart du temps.

Spécificités raciales A hérité des capacités animales de la charmeuse : capable de moduler sa voix, et de paralyser tout être vivant se trouvant à moins d'un mètre de lui lorsqu'il dort. Dispose également de capacités propres à tous les serpents : sa langue fourchue est capable de "gouter" les odeurs présentes dans l'air, ce qui, couplé à son odorat humain, lui confère des capacités olfactives exceptionnelles. Il est également capable de ressentir les vibrations transmises par le sol dans un rayon d'une grosse centaine de mètres autour de lui, au moins tant qu'il est pieds nus. Se chausser diminue grandement la précision de ce don. Enfin, il possède des canines rappelant les crocs d'un serpent, et si ces dernières ne transmettent aucun venin, elles restent une arme aussi surprenante que dangereuse.
     

Description physique :

Rien ne déforme mieux la forme d'un corps qu'une armure,
Rien ne cache mieux l'essence d'un monstre que ce métal,
Certaines chairs souhaiteraient fleurir ou donner des mures,
Porter des fruits, se couvrir de flamboyants pétales.
Le temps qui passe et les épreuves enfouissent celui-ci,
L'enterrent sous un essaim bruyant et avide,
S'assurent qu'il soit éprouvé par les épreuves et les soucis,
Et que jamais il ne soit apprécié hors de sa carapace d'invalide.

L’homme est une masse noueuse et sèche, son enveloppe charnelle se rapprochant plus aisément d’une épaisse lanière de cuir que des formes normalement adoptées par les corps humains. Culminant à un peu plus de deux mètres, il pèse près de cent-quarante kilos ; un ordre de grandeur évoquant a priori colosse pesant, un bœuf gigantesque dont le moindre pas ouvre dans la terre des blessures béantes. Ce n’est que partiellement vrai. Son corps porte très clairement les marques de son héritage génétique, et s’il est difficile d’identifier exactement de quelle espèce animale il tire ses caractéristiques les plus exotiques, il apparait en revanche immédiatement évident qu’il n’a rien d’un humain normal. Ses membres d’abord, et ses bras en particulier, semblent légèrement trop longs, et semblent se mouvoir avec une grâce liquide et une minutieuse précision, comme si le moindre de ses gestes était le fruit délibéré d’une longue méditation. Sa voix également, sifflante et rapeuse à la fois, un mélange curieux entre le bruit par deux pierres raclant l'une contre l'autre et un sifflement ophidien. Ses manières encore, ses manières d’enrouler ses longs doigts autour des objets qu’il attrape, et de faire soudain pivoter sa tête son axe, ou encore de toujours se positionner de sorte à maintenir entre lui et ses congénères une confortable distance. Toutes ces manies ne sont pas en soi remarquables, mais l’accumulation de ces bizarreries contribue à dresser un curieux portrait de la créature, comme si l’on avait enfermé une ballerine à l’intérieur du corps d’un géant. Seule la violence semble lui permettre de réellement exprimer toutes les pulsions qui croupissent à l’intérieur de son être. L’homme se transforme lorsqu’il combat ou poursuit l’une de ses proies, son corps se faisant l’instrument précis de sa volonté, ses gestes prenant des allures brusques et froides de reptile. Il frappa brusquement, se tendant et se détendant comme un ressort, et sa façon exotique de se mouvoir, qui semblait jusque-là faite d’encombrantes excentricités, devient une expression artistique cruelle et brutale.

Ce ne sont cependant pas ses manières qui attirent généralement l’attention des gens qui posent pour la première fois un regard souvent inquiet sur Lugen. L’homme quitte rarement son armure, une pièce dont la valeur apparait comme évidente même à l’œil du novice, qui vient contraster avec ses manières de désaxé. Elle se compose tout d’abord d’une cotte de maille tombant jusqu’au-dessus de ses genoux, recouverte sur le haut de son corps par un plastron d’acier, alors que des jambières du même métal. Fait curieux, il va généralement nu-pieds (afin de bénéficier au mieux de sa capacité à ressentir les vibrations), et a donc développé sous la plante de ces derniers une corne particulièrement épaisse. Sa tête, elle, est recouverte d’un casque à la forme classique mais aux trous étranges. Ses bras sont eux protégés plus simplement, par de sommaires lanières de cuir. Son armement n’est pas en reste, et l’homme refuse en toute occasion de s’en séparer.  Le premier d’entre eux est une lance longue au manche épais, longue de presque trois mètres au total. A peu près au milieu de l'arme se trouve une longue chaine la reliant à son avant-bras, s'enroulant affectueusement autour de celui-ci. L’arme serait sans doute impossible à manier pour quelqu’un d’une stature plus réduite, mais Lugen sait mettre à profit à la fois ses particularités physiques et sa longue expérience, son temps à l’armée lui ayant permis de devenir un expert dans le maniement de cette arme impressionnante. Il porte également dans le dos une collection de lances plus modestes, aux pointes rappelant celles des harpons, dont il se servira comme javelots.  Enfin, il complète son attirail guerrier par un ajout plus exotique, celui de quelques longues chaînes surmontées d’hameçons, lui permettant d’appréhender de manière brutale ses cibles.

Chose étonnante quand l’on connait les manières spartiates de l’individu, son équipement est richement décoré. Son casque tout d’abord est surmonté d’un épais panache de poils exotiques, provenant d’une de ses nombreuses chasses, et il porte autour des épaules une large cape tombant jusqu’à mi-mollets, création curieuse mélangeant habilement plusieurs cuirs et tissus. Certains individus l’ayant observé jurent reconnaitre l’occasionnel morceau de peau humaine, elfique ou alfurienne, mais jusqu’à présent personne n’a pu examiner d’assez prêt l’inquiétant assemblage pour confirmer ou infirmer cette théorie. Il semble que les tuniques qu’il porte souvent en dessous de son équipement défensif, et qui souvent tombent jusqu’à mi-cuisses soient taillées dans le même matériau.

Il est également presque impossible de le voir se déplacer seul : toujours accompagné par ses nombreuses bêtes, il s'entoure généralement d'une meute de chatrixes, comptant naturellement quatre ou cinq individus, et de rapaces, généralement des faucons minutieusement dressés. Plus remarquable encore est son familier, un dragon terrestre à l'apparence belliqueuse. Plus qu'un simple maitre-dresseur, il semble entretenir avec sa ménagerie un lien presque fusionnelle, et il est très commun de les voir chacun adopter les mêmes gestes en même temps.

Pour les rares personnes ayant obtenu le privilège douteux de pouvoir observé l’individu dénudé, le spectacle ne perd rien de son côté troublant. Sa peau est d’une pâleur curieuse, rappelant plus celle de vieilles cendres que celle d’un individu manquant simplement de soleil, tirant sur un gris fatigué. D’une consistance épaisse, faisant presque penser au cuir ou aux écailles d’un animal, et étrangement lisse, elle se distingue par son manque évident de pilosité. L’individu est en effet presque totalement glabre, la seule partie de son corps épargnée par cette condition se trouvant être son crâne. De nombreuses cicatrices plus ou moins bien traitées creusent sur son épiderme des sillons et de petites boursouflures, rappelant si cela était encore nécessaire le genre de vie que mène Lugen. Son visage est quant à lui tout aussi singulier. S’il porte un nombre relativement plus faible de stigmates, il n’est néanmoins pas totalement épargné. Doté de traits anguleux, il se distingue par des lèvres très fines, qui semblent parfois disparaitre lorsque l’individu ouvre la bouche ou sourit, par un nez droit et discret, des pommettes hautes et saillantes et des joues creusées. Le pourtour de ses yeux est parcouru par un jeu saillant de veines et d’artères, et les deux globes ; d’un couleur oscillant entre l’ambré et le jaune sale, semblent agité par un mouvement constant, ayant du mal à rester fixés sur un même point. C’est un curieux spectacle que cette face, capable de prendre quand la lumière tombe sur elle sous le bon angle des allures presque juvéniles, et pourtant si fatiguée. Ses cheveux enfin, sont sommairement entretenus, coupés quand ils deviennent trop longs au couteau, perpétuellement ébouriffés à force de rester plaqués sous son casque.

Race
Charmeuse  (Hyna)

Les hynas sont des créatures à l'apparence humaine, mais qui semblent être aussi animaux. A un stade plus ou moins développé selon les personnes et les races, les hynas portent sur eux la marque de leur hybridation. Ils ne peuvent changer de forme, mais ils peuvent avoir une queue, des oreilles, des cornes, mêmes des pattes, des griffes ou des écailles. C'est une race hétéroclite, l'enfant de deux hynas ne sera pas forcément du même animal que ses parents. La race animale dont hérite un hyna semble cependant déterminer sa personnalité (ou déterminée par sa personnalité) : un hyna chatrix sera rarement doux, de même qu'un hyna hahl sera rarement agressif. Les hynas ne doivent pas être confondus avec les change-formes : ils n'ont qu'une seule apparence. Ils peuvent être n'importe quel animal de la planète, du plus petit rongeur au plus gros prédateur, ils garderont une apparence humaine à un certain degré. L'enfant d'un hyna et d'un humain sera un hyna, mais tout autre croisement racial donnera un demi.  

Histoire


Ou que me porte mon voyage, Nitzihell me fait mal.

A Marmayelle parmi les muriers, ce fut d'abord mon corps,
Glissant parmi les feuilles et les épines, enlacé par les blés d'or,
Et les voix qui me suivaient et ma voix qui les imitait,
Alors que mes pas incertains cherchaient à me faire monter,
Jusqu'à atteindre l'hypothétique plénitude d'un destin accompli.
Je restais là, à compter dans ma chair les plis.

Et sur la route avec ces gens, et leurs multiples visages,
Et tous leurs accents, et les couleurs et les étranges présages,
Qui dans le ciel et les cœurs dessinaient des cités englouties,
Alors que les mains des condamnés se serraient autour des outils,
Se clouant sur le plat du bois, jeunesse dans les confins disparue.
C'est sur ce fertile charnier que l'éclat m'apparut.

Je voguais et dérivais ; une fois je tentais de soulever les grandes pierres,
De retrouver dans la terre moite une odeur bien entière,
Ils ont disparu à l'aube comme des mirages nocturnes,
Le chant du coq à la gorge noire sonnant leur infortune,
A Arvania, à Nevë, à la douce Deerol même je suis allé,
Je suis resté un étranger, avec comme unique constante le ciel étoilé.

Ce sont aujourd'hui des fantômes que je pourchasse,
Et pour cela je suis bon, de mes services on ne se lasse,
Mon bras frappe juste, mon pied est hardi, mon souffle intarissable,
C'est parce que je suis moi-même un mirage que je suis si haïssable,
Et je revois toujours la même chose dans les yeux éteints des gisants.
Cette lumière qui était aussi à moi il y a de cela si longtemps.


La région proche de Marmayelle est constellée de petits hameaux et de communautés agricoles très appréciables pour l'invariable monotonie de leur existence, promettant à leurs habitants des plaisirs bucoliques et des vies saines. En échange de quoi, il leur suffit d’accepter le fait que chaque jour de leur vie sera la copie conforme du précédent comme du suivant, à moins qu’une fantaisie du seigneur de guerre local ne vienne la troubler. C’est dans un de ces endroits facilement oubliables que Lugen vit le jour, d’un couple de fermiers vivant du produit modeste mais suffisant de leur petite propriété agricole. Dernier-né d’une fratrie de cinq enfants, cette dernière devait dans le futur se compléter encore de quatre autres rejetons, portant le nombre de cette progéniture grouillante à un respectable total de dix enfants, honorant ainsi la tradition millénaire qui veut que les forces paysannes se renouvellent aussi rapidement qu’elles se vident. Ses jeunes années furent paisibles, et si son hérédité de charmeuse gâta parfois son caractère, nourrissant chez lui une propension aux mauvaises blagues, parfois très (trop) cruelles, l’environnement protecteur et l’amour infaillible autant de ses géniteurs que de sa fratrie suffirent à réprimer durablement le plus gros de ses instincts violents. Il passa donc le plus clair de sa jeunesse à courir dans les champs et à rire, sa voix prenant des tintes délicieusement carillonnantes. Si son éducation fut sommaire, ses parents n’ayant ni l’envie ni les moyens de l’envoyer faire ses classes dans un environnement plus urbain et mieux approvisionné en tuteurs, il engrangea tout de même les connaissances nécessaires à sa survie dans le monde, apprenant ses lettres, sa géographie et les bases de l’arithmétique auprès du professeur local, un vieillard chétif et tremblotant. Enfin, il se lia rapidement à l’une des filles d’un couple relativement proche de ses parents, et l’existence de cette dernière suffit à supprimer définitivement ses penchants bestiaux.

S’il avait jusque-là limité lors de ses chahuts et de ses jeux tout contact avec les membres les plus passifs des gamins locaux, il se rendit soudainement compte de l’intérêt évident des choses lentes de la vie, comme des promenades tranquilles avec une âme complice, ou des discussions oisives qui n’avaient comme sujets que les plus délicieuses trivialités. Soudainement, le son de sa propre voix, qu’il pouvait pourtant rendre à volonté si mélodieuse et si délicate, lui sembla incomparablement grossier face aux intonations pourtant communes de la jeune fille. Il lui suffisait d’ouvrir la bouche, de dévoiler l’émail blanc de ses dents et les reflets roses de ses lèvres, de secouer un peu la cascade brune de ses cheveux, de le toucher de ses doigts graciles, et lui, qui était déjà si grand et si fort, qui aurait pu d’un geste malencontreux la briser en deux, lui se faisait tout petit, tout discret, comme s’il voulait se faire plus proche d’elle et s’assurer qu’elle ne prenne pas peur, qu’elle ne fuie pas sa compagnie. Il vécut ainsi jusqu’à l’âge de ses seize ans, apprenant lentement les choses faciles de la vie, confirmant avec la jeune fille que leur passion qui n’était au début qu’un amour hésitant et joueur de morveux se faisait chaque jour moins ignorant, et que leurs jeux se transformaient en d’autres ébats retrouvant un peu des élans farouches qui avaient parfois caractérisé ses jeunes années. Ce fut sans doute pour cela que Lugen se retrouva seul à être étonné lorsque le ventre de son aimée se mit à s’arrondir, et que son regard prit de ces allures de tempêtes si communes aux femmes enceintes lorsque sa naïveté se fit trop crasse.

Pour le reste de la communauté, l’affaire était courue d’avance, et n’était qu’une des éternelles répétitions d’une histoire vieille comme le monde. Leur mariage fut une occasion simple mais joyeuse, et un prétexte pour leurs proches de festoyer un peu. Les temps étaient paisibles, la terre généreuse et les bêtes grasses. L’on bâtit (avec l’aide extrêmement enthousiaste du jeune Lugen) une petite maison proche de la famille de la jeune mariée, et ce dernier se mit à aider dans les champs de manière plus régulière et intensive, maintenant qu’il devait que ses responsabilités s’imposaient à lui de manière tangible et indéniable. Il gouta alors à quelques mois supplémentaires de bonheur, découvrant chaque matin la beauté liquide des premiers rayons du soleil, goutant au compagnonnage bourru mais amical de la famille de sa femme, et rentrant le soir (ou dès qu’il le pouvait) gouter la présence de la future mère de sa progéniture. Le temps n’avait plus pour lui aucun sens réel, et les heures se coulaient les unes dans autres pour former une mélasse pâteuse et ahurissante, dont le gout sucré sublimait ses sens, sinon son esprit.

Cela ne dura pas. Les rais de lumière se firent gris et boueux, ne servant le matin qu’à illuminer les mines fatiguées des soldats et les blessures suintantes, à signaler la charge ou la marche ou la corvée. Le temps se fit pesant, les secondes semblaient des minutes et les minutes des heures, qu’il comptait avec acharnement pour garder dans l’enfer dans lequel il était plongé un semblant de stabilité. Les corps perdirent de leur singularité, la chair se mêlant à la chair et à la boue et pourrissant et puant. Il ne savait pas au juste pourquoi il était là, avec sur le torse cette plaque de métal mal ajustée et dans la main cette lance encombrante. Un jour, des hommes étaient venus dans leur village, leur annonçant le début d’une guerre civile. Ils étaient bien rasés, et propres, et leurs yeux semblaient d’un gris d’acier malgré leurs teintes variées. Ils parlaient en remuant à peine les lèvres, et leurs faces semblaient pour le jeune homme des masques étranges et incompréhensibles. Les nouvelles voyageaient lentement dans ces contrées paysannes, quand elles prenaient la peine d’arriver jusqu’à eux. Il était commun pour la populace de Vastaroth de se retrouver jetée dans telle ou telle guerre, mais eux avaient été jusque là épargnés. Qui après tout pouvait bien regarder une carte et décider que la confiture de Marmayelle, pour ne pas parler des maigres récoltes des propriétés perdues aux alentours, avaient une grande importance stratégique, et valaient le coup d’envoyer des soldats contester une position autrement dénuée du moindre intérêt ? Cette fois encore, personne n’avait souhaité faire exception. Mais la longue paix et les récoltes abondantes dont bénéficiaient les locaux avaient permis une reproduction abondante de ces derniers, et les bras jeunes et vigoureux de leurs rejetons constituaient en eux-mêmes une ressource particulièrement attrayante, et facilement obtenable.

Lugen fut donc appelé à servir un seigneur dont il ne retint pas le nom, ce dernier sonnant comme un rêve distant et trouble. Sa haute stature lui ayant garanti l’intérêt du recruteur, il fut emmené avec nombre de ses congénères loin de chez lui. Il marcha, longtemps, plusieurs jours, plusieurs semaines sans doute. Le rythme rapide de la colonne, le lourd barda sur son dos et les aboiements réguliers de tel ou tel garde-chiourme contribuaient tous à lui rappeler sans cesse cette réalité nouvelle et incompréhensible. Plus que tout cela, ce fut l’absence de l’être aimé qui le blessa. Il s’était habitué à être avec elle, et leur relation fusionnelle ne lui permettait de se sevrer de sa présence dans de bonnes conditions. Son sommeil se peupla de visions dénudées et hurlantes, de petits rejetons qui couraient dans des champs dorés, et d’autres visions idylliques ; il n’en faisait jamais partie, et cela lui fit rapidement repousser le sommeil, ses yeux se marrant progressivement d’un noir profond.

On lui apprit rapidement à tuer des gens. Le principal était de bien serrer sa main autour du manche de son arme, d’écouter les ordres de son supérieur le plus proche, et de faire ce qu’on appelait du bon travail. Le morceau en métal allait dans la partie faite de viande, comprit-il. Il tenta de se rassurer en se disant que cela serait comme faucher des blés, et qu’il était grand et fort, et qu’il survivrait facilement, et que la guerre se finirait vite, car ces gens qui les commandaient et qu’il devinait nobles ne semblaient pas dotés d’une grande patience. Un matin, il se réveilla, et se rendit compte qu’il y avait en face de lui le reflet de son propre groupe. Seuls changeaient les motifs imprimés sur les grandes bannières qui claquaient dans les premiers courants d’air du matin, même si la lumière encore hésitante de l’aube rendait difficile leur lecture. On les fit s’équiper, et il comprit comme tous les autres que cela n’était plus une manœuvre. Il y avait dans les voix excitées de leurs officiers une tension, une appréhension et une impatience qui se propageaient dans les corps resserrés comme un impulsion électrique, comme un coup de tonnerre roulant et grondant. Les montures piaffaient, leurs gros sabots et leurs grosses griffes raclant la terre. Lugen se retrouva presqu’en première ligne, juste derrière une de ses sœurs. Ils attendirent encore un peu, laissant la première pluie du matin tomber et détremper la terre, l’adrénaline qui inondait leurs artères épaisses faisant de leur immobilité forcée une véritable torture. Et puis, il y eut un cri. Sans doute était-ce un ordre très bien articulé, comme savaient en éructer les gens très bien éduqués. Mais ce dernier ne parvint pas totalement à aux oreilles de la recrue, se désagrégeant dans le tremblement titanesque de la clameur environnante, se coulant dans le hurlement animal produit par plusieurs centaines de gorges criant toutes à la mort. Il marcha, sentant presque malgré lui ses pieds se mettre en mouvement, d’abord lentement, dans un mouvement cadencé, puis de plus en plus rapidement, jusqu’à ce qu’il soit en train de courir, la bouche grande ouverte et les crocs luisants, l’haleine haletante et le cœur emballé. Il pouvait sentir toutes les odeurs qui parvenaient jusqu’à lui, ses deux organes olfactifs fonctionnant ensemble pour lui fournir un tableau d’une intolérable précision.

Et au-delà de ces odeurs, il pouvait sentir la sienne. Sa transpiration, acide et collante, et les relents de peur qu’elle charriait. Sa salive qui séchait sur ses dents, s’agglutinant en dépôts irritants, et l’odeur étrange de l’air qui giclait hors de ses poumons. Et en-dessous de tout ça, autre chose, quelque chose d’ancien et de primordial, quelque chose qu’il pensait avoir oublié. Une forme d’impatience, et d’extase, comme si toutes les fibres de son corps s’étaient en ce moment unies pour tendre vers un même but transcendant. C’était une sensation nouvelle, qui surpassait malgré sa discrétion ce moment d’extase qu’il atteignait lors de ses étreintes avec sa femme, qui surpassait le sentiment diffus de bonheur qu’il ressentait lorsque les membres de sa famille l’enveloppaient dans un cocon d’amour et de sécurité. Il ignora la sensation étrange, se concentrant sur la tache qui l’attendait. Il était autre chose, maintenant, et il avait quelqu’un qui l’attendait. Deux personnes, à vrai dire.

Les deux premiers rangs des armées rivales se heurtèrent, et malgré ce à quoi il s’était attendu, le bruit produit ne fut pas particulièrement remarquable. Certes, les vociférations des deux camps se mêlèrent bien l’espace d’un instant, mais le bruit du métal contre le métal ne fut à ses oreilles pas impressionnant, et les gémissements et les plaintes des mourants ne dépassèrent somme toute pas un niveau tout à fait acceptable. Quelques instants s’écoulèrent, sans qu’il ne puisse réellement comprendre ce qui se passait, la personne devant lui lui bloquant la vision. Elle tomba finalement, et Lugen prit sa place, sa main enserrant nerveusement sa lance, sa longue langue dessinant sur ses lèvres et son menton des arabesques nerveuses. Il enjamba sur le cadavre de sa sœur, oubliant momentanément son existence, et il regarda le type en face de lui. Il dut comprendre, au moins à un niveau subliminal, que ce dernier venait de tuer une personne qu’il aimait, une personne liée à lui par le sang. Il y eut un flash blanc, un autre moment de sublimation divine, et il baissa les yeux pour remarquer que son arme était en train de fouir dans les entrailles de son vis-à-vis. Il pouvait sentir à travers le manche épais les chairs chaudes et molles qui s’agglutinaient autour de la lance, comme si le corps de son ennemi voulait maintenant s’effondrer autour de la pointe de métal. Il la retira rapidement, et sentit une puissante nausée le submerger, le flot guerrier qui inondait son corps se retirant docilement devant cette nouvelle vague. Il se courba, et ses mains mal assurées tâtonnèrent fébrilement sur l’attache de son casque, cherchant à s’en défaire. Il n’en eut pas le temps, et un flot de bile et de nourriture à moitié digérée aspergea ses bottes. Il sentit une main se poser sur son épaule, et le tirer en arrière, alors qu’une lame venait entailler sa joue, y laissant une profonde balafre. Il eut à peine le temps d’apercevoir la face de son sauveur, et son œil luisant comme une émeraude.

Il tomba sur le cul, et resta planté là quelques instants, le temps d’être secoué par son camarade le plus proche et d’être brusquement remis sur ses pieds. Il prit un peu de temps pour regarder autour de lui, maintenant que les rangs avaient commencé à s’éclaircir et que la cohésion initiale des bataillons venait de s’effondrer. Il pouvait voir les corps prisonniers des armures, les formes des corps qui se faisaient insolites dans ces carapaces nouvelles, et les mandibules que tous tenaient de manière désespérée s’activer pour essayer de dévorer leurs ennemis. Il comprit qu’il devait participer, et se remit au travail, tentant de justifier ses actions ; peut-être, se dit-il, que s’il se montrait suffisamment méritant, on le laisserait rentrer. Et puis, s’il ne tuait pas, il serait tué, sinon par les êtres hargneux en face de lui, au moins par les officiers irrités de sa piètre performance ou par ses camarades rancuniers. Il le devait. Il était là pour ça. Il se baissa de nouveau, attrapant de nouveau la hampe de son arme, et frappa. Son propre visage éclata en deux, imitant le mouvement de sa victime, un sourire carnassier fleurissant sur face et la séparant durablement.

Ainsi fut-il pour lui pendant de longues années. Il s’habitua à l’atmosphère des conflits, et à la nécessité de mettre à mort. Il se rendit rapidement compte qu’il avait pour cela un certain talent. Cela s’expliquait facilement : il était grand, il était fort, et malgré sa musculature épaisse, il était agile. Plus que cela, et il fallait bien qu’il accepte de se l’avouer, il était vicieux. Il savait où frapper, il devinait instinctivement les faiblesses de ses vis-à-vis, et la faiblesse initiale de ses entrailles avait rapidement laissé la place à une habitude résignée. Il comprit que s’il voulait survivre, s’il voulait être à la fin des combats toujours debout, il devait s’adapter. Il avait vu sa sœur tomber devant lui, et il avait digéré l’information, lentement, la savourant avec précaution pour être sûr d'en comprendre toutes les implications. Une partie de lui était morte en même temps qu'elle, et il n'était pas sûr de la regretter. D’anciennes connaissances, d’autres frères et sœurs avaient subi le même sort, certains loin de lui, d’autres tout proches. Certains fauchés par des lames acérées, d’autres s’étiolant lentement sous le coup de la maladie et des privations. Mais pas lui. Il grandit dans ce charnier, nourrit par le terreau fertile, et fleurit, le jeune garçon se transformant au fil des ans en homme. Son visage gagna en maturité, muant pour se débarrasser des dernières traces infantiles qui le parasitaient encore. Son corps, comme le matériau entre les mains du sculpteur, cessa d’être celui d’un animal de ferme pour devenir une arme et l’instrument froid de sa volonté. Les blessures ne semblaient qu’activer en lui des forces insoupçonnées, un instinct de survie atavique et tout-puissant. Il se forgea rapidement une réputation de brute et de tueur, et il se rendit compte que si son comportement de plus en plus renfermé et hostile ne suscitait chez ses semblables aucune sympathie, son efficacité manifeste lorsqu’il s’agissait de moissonner des vies suffisait, elle, à lui rapporter la reconnaissance renfrognée de ses supérieurs.

Finalement, la guerre s’acheva. Il ne savait pas réellement pourquoi, ni comment, ni qui au juste pouvait prétendre avoir remporté la victoire. Cela n’avait à vrai dire que peu à voir avec lui. Il rentra chez lui, ses pas trainants le ramenant devant la porte de sa maison. Les pensées joyeuses qui auraient du être les siennes se firent remarquer par leur absence, et maintenant que le rythme familier des combats se faisait de plus en plus lointain, il se rendait compte combien il se sentait étranger par rapport au monde. Les couleurs, les sons et les odeurs qui auparavant avaient bercé sa jeunesse semblaient maintenant autant d’agression, et un sentiment diffus de méfiance ne le quittait maintenant jamais plus. Ses nuits se peuplaient de nouveaux cauchemars, qui ne décrivaient maintenant plus les couleurs nostalgiques de la campagne fermière. Le marron de la terre se rougissait de sang, et le gris du métal se superposait aux nuages et aux cieux indifférents. Les oiseaux qui chantaient avaient des voix révoltées d’agonisants, et le visage de sa femme se faisait changeant, devenant un mélange amorphe et hybride de ceux de ses victimes. Cela faisait longtemps qu’il ne dormait plus vraiment, et il ne lui sembla pas urgent de remédier à la situation.

Il arriva finalement devant la ferme, et plongea ses yeux dans celle de sa femme. Devant elle se tenait un petit garçon à la frimousse fraiche, ses boucles brunes lui rappelant celles de sa mère. Il contempla les traits de sa face, s’attendant à la voir changer sous ses yeux, à se contorsionner et à prendre des expressions réprobatrices. Il s’approcha des deux créatures, se demandant ce qu’il était sensé faire maintenant. Curieusement, il ne ressentait rien à leur contact, et quand le gamin l’entoura de ses petits bras, babillant quelques paroles affectueuses, il eut comme premier réflexe de vouloir le repousser, de le jeter à terre et de briser son petit crâne. Il se contrôla difficilement, et ses doigts hésitants fouillèrent la toison fournie de son rejeton. Il s’approcha de son épouse, et passa ses grosses mains sur son visage, tentant doucement d'en suivre les lignes, s'assurant de sa réalité et de son immuabilité. Ce dernier lui sembla curieux, propre et intact. Il n’y avait dessus aucune balafre, son nez était trop droit et ses yeux trop lumineux. Il lui fit l’impression d’un masque de cire, parfait et brillant, attrapant avec un entrain cannibale la lumière du jour.

Le soir même, il s’enfuyait de sa maison, laissant derrière lui sans regret le bâtiment endormi. Il n’avait pas pu étreindre son aimée comme autrefois, le contact provoquant chez lui une vive répulsion. Il avait vu dans le regard de cette dernière toute l’horreur et la pitié qu’elle avait éprouvée en regardant son corps. Il avait sa méfiance, qui montait en elle malgré son affection en regardant sa transformation. Il n’était pas bon acteur, et s’il avait bien essayé de faire bonne figure, il ne pouvait cacher sa transformation. Il avait tué des gens, et de cela l’on ne revenait pas indemne. Pire que cela, il avait vu son amour, et avait entendu ses paroles réconfortantes. Elle lui promettait d’attendre, elle lui disait qu’elle comprenait, qu’ils allaient pouvoir pleurer leurs morts, qu’elle était avec lui. Il ne comprenait pas, il savait qu’il ne pouvait plus comprendre. Il n’y avait rien à pleurer.

Le chemin solitaire des routes et le bruit familier de son pas régulier de soldat lui apportèrent une mesure de confort. Il fit brièvement l’inventaire de sa situation, cataloguant ses options. S’il n’avait pas tenu plus de quelques heures dans son foyer, il doutait sincèrement de pouvoir reprendre une vie normale. Il ne savait de toute façon plus faire qu’une seule chose. Le choix, si on pouvait ainsi l’appeler, était évident. Il vendit son bras comme mercenaire, s’impliquant dans tel ou tel conflit au gré des caprices des mieux-nés, mais se rendit rapidement compte qu’il préférait de plus en plus une vie aussi solitaire que possible. Il se fit donc mercenaire et chasseur de prime, ses pouvoirs dormants trouvant enfin une occasion de se manifester. Acceptant de s’associer aux lames de sang, il profita de leur réseau de contrats et de contacts, et développa ses talents. Il remplaça la chaleur humaine par celle de sa meute, s’entourant de chatrixs dressées et de faucons, ses dons magiques lui permettant de se lier à ses nouveaux compagnons. Il se rendit compte que c’était dans la traque qu’il pouvait au moins un tant soit peu oublier les tourments qui l’assaillaient, et se lier de nouveaux à ses semblables.

Ce fut lors de l’une d’entre elles qu’il croisa son familier, reconnaissant le dragon terrestre et se liant instantanément à lui. Il trouva dans sa présence une autre mesure de réconfort, et réussit à se convaincre qu’en mettant bout à bout ces petits moments de répit, son existence n’était somme toute pas si terrible. Il gagnait correctement sa vie, et bénéficiait sinon de la reconnaissance de ses pairs, au moins d’une forme de respect finalement assez semblable à celle qui lui avait été accordée dans l’armée. Il pouvait boire, et oublier. Il pouvait monnayer l’espèce d’un soir l’affection d’une inconnue, et tenter de ne pas se rappeler. Et parfois, lorsqu’il se regardait dans une onde un peu claire, le visage triste qu’il observait ne lui semblait pas être celui d’une ordure, d’un meurtrier et d’un lâche. Parfois, il lui semblait crédible de lire dans ces yeux fatigués autre chose qu’un profond désespoir. Il continua donc sur sa lancée, empilant les contrats, tuant sans distinction les mauvais payeurs, les criminels, les parias, les bêtes et les monstres.

Et il finit par le tuer, lui. Il pouvait le reconnaitre, il pouvait encore s’en souvenir, et retrouver dans les deux orbes verts les yeux de la personne qui lui avait sauvé la vie, quand il n’était encore qu’un jeune garçon apeuré. Il ne savait qu’il le retrouverait dans ce camp de hors-la-loi, mais il était à peu près certain de pouvoir deviner son histoire. Elle n’était sans doute pas si différente de la sienne. L’espace d’un instant, il redevint ce gamin apeuré, et il se rendit compte du danger de la situation. Il ne pouvait pas se le permettre, plus maintenant que son existence s’était à ce point métamorphosée. Il n’y avait plus de place pour cette créature. Il l’étrangla, ses gros doigts se nouant autour de son cou, et serrant jusqu’à ce qu’il s’évanouisse. Quand il se réveilla, il était de nouveau lui-même. Il se releva, retourna le cadavre de son sauveur de sorte à ne plus voir sa tête, et quitta les lieux. Il avait encore à faire, et il savait devoir rester en mouvement, s’il ne voulait pas s’effondrer.
Pouvoir
Chasser et exécuter

Penche-toi, si tu le peux, sur ce cadavre mutilé, et oublie.

Oublie d'abord les chairs ouvertes et fleuries, et les crocs multiples,
Oublie encore les indentations fauves qui serpentent irréductibles,
Oublie aussi l'air hagard et la poitrine enfoncée et l’œil terni,
Oublie toujours le sang qui sèche comme un vieux verni,
Et alors ouvre les yeux, et regarde l'accompli.


Comme chez la plupart des individus, les pouvoirs de Lugen sont une manifestation de ce qu’il au plus profond de lui. Ayant mis du temps à se manifester, ils lui ont d’abord semblé curieusement inadaptés. Le chasseur de primes a depuis eu largement le temps de revenir sur ses positions. La magie qui l’habite semble s’organiser autour du thème de la chasse, lui permettant aussi bien de mieux traquer ses cibles que de se lier de manière durable et intime à sa meute.

Lien animal : Lugen est capable de comprendre de manière instinctive les animaux, et d’établir avec eux une forme de communication très rudimentaire. Les effets de ce pouvoir augmentent avec le temps qu’il passera en compagnie d’un animal spécifique et en fonction de sa relation avec ce dernier. S’il ne pourra par exemple qu’échanger des impressions très sommaires avec un animal qu’il croisera la première fois, il sera en revanche capable d’établir avec les membres de sa meute un lien presque semblable à celui qu’il partage avec son familier.

Gouter la proie : En ingérant une partie du corps d’une personne ou en léchant un objet lui ayant appartenu, Lugen est capable d’établir une connexion avec cette dernière. Cela lui permet d’avoir une idée instinctive de sa position, cette dernière se faisant de plus en précise et durant de plus en plus longtemps en fonction de ce qu’il a léché. Ainsi, le lien fourni par un couvert brièvement utilisé au cours d’un repas ne lui donnera qu’une idée excessivement vague pendant quelques instants, lui permettant au mieux de savoir que sa cible est au sud de sa position et non au nord, alors qu’avaler une grande bouchée de chair lui permettra d’établir avec une infaillible précision la position exacte de sa victime pendant de nombreux jours.
A noter que Lugen ne peut maintenir ce pouvoir que sur une seule cible. Etablir un nouveau lien supprimera instantanément le précédent.

Les chaînes du serpent : Lugen est capable de manipuler ses chaines avec une maestria proprement surnaturelle, et est capable de leur imprimer des mouvements a priori impossibles.


Familier
Krul (Dragon terrestre)

La créature est un exemple typique de ce que son espèce peut produire de plus terrifiant. Large et fort, haut de deux mètres, c'est une masse puissante recouverte de pointes osseuses noirâtres, sa gueule gigantesque révélant une rangée de dents luisantes d'un éclat sinistre. Comme tous ses congénères, il se distingue des autres animaux par une forme cruelle d'intelligence et une propension tout à fait prodigieuse à la violence.

Seul son lien avec son maître permet de le distinguer de ses semblables. Capable de communiquer ce dernier par la pensée, il peut transmettre et recevoir les informations captées par ses sens, mais également ses émotions et ses impressions. S'il est lui-même incapable de formuler ses pensées sous forme de langage, son intelligence naturelle et le lien qu'il entretient avec Lugen le rendent en revanche parfaitement capable de comprendre ce qui se dit autour de lui.

Il existe entre les deux êtres un respect et une appréciation tacite, qui va sans doute même jusqu'à l'affection, chose suffisamment rare chez les deux créatures pour être soulignée. Le familier, dont l'esprit a été transformé par la magie qui les unit, trouve dans la compagnie de son maître un moyen de devenir plus que ce qu'il aurait été seul, et, sans doute plus important encore, un exutoire nouveau à ses pulsions de chasseur, des traques toujours nouvelles et toujours plus dangereuses.

Enfin, il n'est pas rare pour le chasseur de prime de chevaucher à cru sur Krul, leur lien rendant superflu l’utilisation de rênes ou de selle. Curieusement, les protubérances tranchantes qui ornent le dos de l'animal semblent ignorer les chairs son cavalier, le laissant s'installer confortablement sur son dos.

Pseudo : HamsterGod ou Hamsta
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Erya L. Salvadore
Erya L. Salvadore
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Erya L. Salvadore MJ |:| Historienne de la citadelle
MJ |:| Historienne de la citadelle Erya L. Salvadore
Sexe : Femme
Identité de genre : Féminin
Pays : Thanaliel
Pays d'origine : Thanaliel
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Age : 34
Inscription : 04/01/2019
Apparitions : 162
Avatar : Vaggie - Hazbin Hotel
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Ven 10 Juil - 22:59 Fiche validée

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