Le conte de Iania
Il était une fois Iania, un petit Tezouic qui rêvait de découvrir le monde des humains. Perdu lorsqu'il était petit, il fut adopté par un couple de Krakdent qui prit soin de lui malgré leurs espèces différente. Malheureusement, sa mère adoptive mourut lorsqu'il avait 2 ans, emportée par une sirène alors qu'elle se regardait dans l'eau.
La nouvelle femme de son père n'avait pas sa gentillesse. Cruelle et détestant les rongeurs, elle profitait de l'absence de son mari pour martyriser Iania, le traitant comme un esclave. Malgré tout l'amour qu'il vouait à son père, terrorisé, Iania finit par fuir le foyer parental et s'aventura dans la Forêt Céleste.
C'est là qu'il rencontra l'aragne.
Créature diabolique vivant de pactes impossibles qui ne pouvaient être accomplis, elle vit dans le petit Tezouic une proie facile. Elle perçut sa peur face au monde trop grand pour lui, et son envie de le découvrir sans se sentir autant menacé. Alors elle passa avec lui un accord cruel qu'il accepta : elle lui donnerait une forme humaine pour qu'il puisse marcher parmi eux mais en échange, il devait lui apporter la voix d'une charmeuse, volée grâce à une gemme ensorcelée. Il avait une semaine, sans quoi il tomberait dans un sommeil éternel dont seules des larmes porteuses d'un amour sincère pourraient le sortir.
Réveillé dans le corps d'un jeune homme humain aux cheveux rougeoyants, le Tezouic prit la route, vêtu d'une simple tunique blanche. Il quitta la forêt avec l'aide de l'aragne, souhaitant apparaître comme étant dans son camp, et se mit en quête de l'animal qui lui permettrait de garder cette apparence pour l'éternité.
Il parcourut les Plaines Absolues pour rejoindre la Forêt Frontalière. Malgré les dangers que le monde dressa sur sa route, il parvint à descendre jusqu'à Vastaroth. C'est dans les Plaines Tempêtes qu'il fit la connaissance d'un Fliffou et d'une Chauve-soufflite. Toujours capable de communiquer avec les animaux malgré son apparence humaine, il leur demanda de l'aide et fut donc assisté dans sa quête par les deux animaux.
Les Terres de glaces n'étaient plus très loin, et il lui restait deux jours pour accomplir sa quête. Grâce à l'aide de la chauve-soufflite, il savait que le cristal magique serait rapporté à temps à l'aragne, même si lui n'arrivait pas à temps à Thanaliel. Mais alors qu'il apercevait les Canines de Givre à quelques mètres, son regard capta la danse d'un ondin.
C'était un jeune homme magnifique, au visage doux et au corps délicat, dont la danse avait les mêmes qualités que tous ceux de son espèce. Subjugué par un coup de foudre comme il n'en avait jamais connu, Iania resta là, immobile, indifférent aux appels de ses compagnons qui essayaient de le sortir de l'envoûtement. Il resta ainsi si longtemps qu'il finit par attirer l'attention de l'ondin. Celui-ci cessa sa danse pour converser avec cet étranger. L'envoûtement disparut, mais pas les sentiments du petit Tezouic. Fou amoureux, il resta avec lui jusqu'à ce que ses compagnons le fasse réaliser que son temps touchait à sa fin, et qu'il avait passé plus de deux jours à observer la chorégraphie magique de son aimé. Et alors, une lumière rouge brilla autour de lui. Et il s'effondra, plongé dans un sommeil éternel.
L'ondin prit peur. Mais malgré tout l'amour que lui portait Iania, les sentiments n'étaient pas réciproques et il fut incapable de le réveiller, malgré toutes les larmes qu'il put pleurer. Le corps de l'ancien Tezouic resta désespérément endormi ; le fliffou et la chauve-soufflite restèrent à ses côtés, dévastés.
Lorsque l'ondin s'en fut et qu'ils se retrouvèrent seuls tous les trois, la chauve-soufflite prit subitement forme humaine. Il s'agissait en réalité d'une changeforme, désespérément amoureuse de Iania, qui n'avait jamais osé prendre sa forme humaine pour lui révéler ses sentiments. Effondré, elle pleura toutes les larmes de son corps en serrant son ami contre elle, maudissant la danse envoûtante qui l'avait fait échouer dans sa quête.
Les larmes, en glissant sur la peau de son visage, tirèrent doucement le Tezouic du sommeil. Quand il ouvrit les yeux, sous le poids de l'émotion, la changeforme lui révéla tout : son amour pour lui, son cœur brisé à l'idée de ne jamais le revoir, et les larmes qui l'avaient sauvé. Alors Iania sut que son amour était sincère. Ensemble, ils traversèrent les Plaines Tempêtes pour se rendre dans la forêt Céleste et trouver l'aragne, afin de s'assurer qu'elle ne puisse plus annuler sa forme humaine, et que jamais plus elle ne fasse souffrir d'innocentes personnes en leur proposant des pactes injustes.
Accompagné du fliffou, toujours fidèle, ils trouvèrent la terrible aragne. Ils parvinrent à l'éliminer et, libérés de la menace de la malédiction, ils purent s'installer tous les trois dans une petite maison de Thanaliel, près de la Forêt Frontalière.
Fin originelle
Il existe une autre fin à cette histoire, qui a été abandonnée au fil des siècles. Dans l'histoire originale, les larmes de la changeforme tirent bel et bien Iania du sommeil, mais la suite est différente.
Les larmes, en glissant sur la peau de son visage, tirèrent doucement le Tezouic du sommeil. Mais à peine eurent-ils le temps d'échanger un regard entendu, partageant tout leur amour dans leurs yeux, que le corps de Iania commença à rapetisser. Bien vite, la changeforme n'eut dans ses mains qu'un petit animal au pelage rouge, agitant deux petits queues tristes sur sa paume. En rompant le maléfice de sommeil, ils avaient malgré tout échoué au pacte signé avec l'aragne, et le Tezouic perdit définitivement son apparence humain.
