Histoire
Je me nomme Viktor Rosenbaum. Ce n'est pas un nom qui voudra dire grand chose aux natifs de ce monde, mais permettez moi donc de me présenter.
Je suis né sur une ile de campagne. Enfin, né? Serais-ce le bon terme? C'est une histoire compliqué et pour vrai dire, même moi je ne suis pas certain de la véritée. Tout ce que je sais, c'est que je ne suis pas exactement le fils de mes parents....
Pour couper court, je suis né noble, fils de Duc pour être précis, un Duc au sein d'un gouvernement qui composait l'intégralitée du globe... enfin... autant qu'il pouvait contrôler. Ma famille se déplaçait pour s'installer dans la capitale, au plus près du centre de pouvoir. Mon père, Dorian Rosenbaum, cherchait à devenir un homme puissant. Et il désirait que je sois son pion idéal dans un jeu d'échecs, le plateau étant cette grande citée.
Je n'ai jamais été le fils qu'il voulait que je sois et cela, il me l'a fait sentir. J'ai toujours réussi à le décevoir. J'étais pas assez intéressé par l'intrigue, par les couteaux dans le dos, par les rumeurs... non... J'étais intéressé par l'horlogerie et les automates.
Pour cette raison, il m'a battu. Ce n'était pas le meilleur des arrangements mais je le voyais assez peu. Ma nourrice est celle qui m'a réellement élevée. C'est pour cela qu'à leur mort à mes 15 ans je ne les ai guère pleuré.
Bien entendu.
On pouvait même penser que j'avais eu une main dans l'affaire de ce désastre. Est-ce vrai? Je vous laisserais donc en décider. J'ai été contraint cependant d'honorer mes fillançailles. Je ne l'aimait pas, mais elle... Elle était folle amoureuse, une romantique qui croyait en des histoires de princes et de chevaliers. Une sotte. Une sotte qui m'apportait argent et statut.
J'ai été pris par l'universitée, j'ai suivi la formation pour devenir un chercheur dans la section scientifique de l'armée. Je suis sorti premier de ma promotion, malgrès les sabotages de mes collègues, les pistonages, les tentatives de détruire mon travail ou de m'éjecter. Je suis sorti triomphant, un pas fier sur l'escalier de chair qu'est la sociétée. Je suis sorti avec une vision où j'écroulerais cet escalier et je battirais un nouveau monde simplement par l'éteincelle d'une idée, une idée que j'allais propager. Je suis devenu le chef prophète de ma nouvelle religion on peut dire: L'électricitée.
La foudre, ha! Comme ils disaient, voyant ça comme une sorte de magie, se limitant à leurs obscurantisme et leur paganisme pour user de forces surnaturelles afin de créer des inventions.
Mais que dis-je? Nous nous perdons. Je vais aller droit au but.
J'ai fini dans la division scientifique de l'armée, oui. Une armée qui raffollait de mes créations destructrices. Je les ais faits, oui, sachant très bien ce pour quoi ils seraient utilisés, mais avec l'intention que l'horreur mettrait fin à ces conflits.
Mais l'on m'a viré.
Pour espionage? Non. Sabbotage? Non plus. Non, j'ai servi mon pays. L'on m'a viré car j'étais trop dangereux. Car mes inventions représentaient un changement dans la balance des pouvoirs. Les puissants voyaient que leur sang, que leurs lignées, leur magie, tout ça ne servirait plus, que mon monde donnerait au paysan seul le pouvoir de tous les trancher.
Je suis tombé bien bas. J'ai fini dans l'alcool, les jeux. J'ai battu ma femme. J'ai dénigré mes enfants. Je n'ai pas été une bonne personne. Je me suis battu, j'ai dépensé ma fortune et j'ai fini par vendre mon titre pour finir Marquis.
Si... Si Julie n'était pas à mes côtés je crois que j'aurais vraiment fini par disparaitre dans l'obscuritée à n'avoir rien accompli, une ombre de mes ambitions.
Grâce à elle je me suis ressaisi, j'ai rebatti notre maison, j'ai commencé à chercher des financeurs, à participer à des expositions, à tenter de prendre ma vie en main mais sans vrai succès. Alors...
Alors je suis parti dans un grand voyage à travers le monde. J'ai fini par accident à rejoindre un équipage dénommé le Compost, un nom fort ridicule pour un Capi... Non. Un Vice-Amiral tout aussi excentrique. C'est un vieillard du nom de Nils Gratz. Il avait déjà des petits enfants figurez-vous, un vrai imbecile dur d'oreille qui écoutait jamais rien et ne savait distinguer sa droite de sa gauche. Il était chauve avec une longue barbe, se curait le nez presque tout le temps, et il était insupportable. Mais au fil du temps j'ai appris à l'apprécier et à le comprendre. Il m'a aidé à m'épanouir, à mettre mes inventions en pratique. C'est à ses côtés que j'ai pu avoir le financement, l'aide, la main d'oeuvre, pour moderniser des iles de province, pour éduquer du personnel, pour créer le plus grand navire du monde... Toutes ces choses...
Je me considère fidèle au Compost, même si je suis pas d'accord avec la politique de Nils que la fin ne justifie pas les moyens. Il a jamais accepté de tuer, jamais qu'on ne tue. Je le faisait parfois, mais c'était forcément dans son dos.
Parfois sa conviction m'ammenait même à douter de moi-même... et à hésiter.
Et je suis là.
Je suis là pour nulle autre faute que mes idées, que ma vision.
J'ai accompli
tellement de choses. J'ai donné
tellement! J'ai modernisé des iles! J'ai apporté l'avenir! Le courrant, la vapeur, le magnétisme, ce sont mes inventions qui ont changé le monde de cette ère de voiles et de "magie"! C'est moi! Ma vision! J'ai construit
LE plus grand et puissant navire du monde! J'ai créé une armada à changer le monde! J'ai apporté la fin à une période de piraterie, de révoltes, de petits cons avec des idées de merde et des ambitions dévastateurs! J'ai fabriqué des armes pour un gouvernement qui en raffolait. J'ai batti les fondations d'un avenir et j'ai été récompensé comment?
Comment?!
Par une trahison de la pire sorte.
J'ai été poursuivi par les services secrets du gouvernement, mes idées étant trop dangereuses, mes inventions apportant un monde nouveau qui allait changer l'équilibre des forces et détruire l'institution actuelle. J'ai été pris dans mon laboratoire alors que je travaillais sur ma dernière oeuvre pour le Pestillence, une oeuvre secrète qui allait mettre fin à l'ancien monde pour de bon. Les individus dotés de capacitées surhumaines, les organisations criminelles, les révolutionaires... il fallait mettre une fin avec la peur. La peur de la fin de tout. Des villes ont déjà été détruits par une personne mais avec de l'effort, du temps, mais pas en un instant. J'allais changer ça.
J'allais créer Damoclès.
J'allais changer le monde pour de bon.
J'ai activé... Damoclès... Pas de ma propre main mais je considère que ça demeure ma responsabilitée. Damoclès c'est pas une arme conventionelle. Ce n'est pas une bombe. Dans un moment de... de faiblesse, je me suis laissé emporté par les idéaux du Vice-Amiral et j'ai changé mes plans. Je ne tuerais rien avec Damoclès, non, c'était... c'était déplacé ailleurs. Une sphère opaque allait s'étendre et emporter tout en son sein dans une autre dimension, vivant, intact, mais disperçé.
Je crois qu'il ne doit rester qu'un trou là où était mon laboratoire sur cette ile sombre, où il y a toujours cet orage permanent, ces éclairs, ces vagues contre les falaises de pierres noires... Hah...
Cet endroit me manque presque...
Maintenant il ne reste plus rien, à mon avis.
Damoclès m'a amené ici. Je suis apparu dans la neige entourré de morceaux de mon laboratoire, de rouages, d'équipement sophistiqué, de morceaux de la structure juste emportés et déposés, coupés parfaitement par un Damoclès incomplet, instable. J'ai été chanceux! J'aurais pu finir divisé entre plusieurs mondes! Comme... comme un type à côté de moi quand je suis arrivé.
Je pensais qu'à force de combattre je serais devenu insensible à ce genre de choses mais ça... Voir quelqu'un de coupé aussi proprement, aussi géométriquement... C'est pas quelquechose de normal. C'est pas comme un trou causé par une balle ou une coupure à cause d'une épée. J'étais là, dans la neige, seul, perdu, le vent dans mon visage. Il n'y avait pas de sang, pas de flames, pas d'effet particulier. C'était silencieux. Je suis resté à genoux un certain temps, un verre de mes lunnettes de protection brisé, attendant de mourir ou quelquechose.
Non.
Je ne vais pas me laisser abattre.
Je suis Viktor Rosenbaum, un génie, LE génie, l'individu responsable du plus grand progrès scientifique depuis des siècles! J'ai toujours triomphé au bout du compte, et ceci ne sera pas une exception! Je me suis relevé, animé par ma fureur et ma force d'âme. Quelqu'en soit le prix, quelqu'en soient les méthodes, je rentrerais chez-moi! J'ai essayé de me relever mais j'ai senti que ma jambe devait s'être cassé. C'était vraiment le moment d'être sans ma canne, pour une fois qu'elle aurait servi de plus qu'un symbole de statut et d'une arme potentielle. Je cherche maladroitement quelquechose que je peux utiliser. Je saisit un levier que j'arrache en forçant puis je grogne en essayant de sortir une barre en acier d'un corps. Une fois ça de fait, je met rapidement l'assemblage en cage ensemble. Il va falloir que je soude tout ça. Je cherche autours de moi, dans la neige, en rampant, chaque instant comptait.
Je me suis figé face à ce que j'avais trouvé. J'ai hésité. J'ai grimacé. Un Gant-Soudeur, un dérivé d'une arme que j'avais conçu mais remanié pour le travail. Je l'enfile, attache les ceintures et ajuste les valves. Je frissone un peu, pas à cause du froid, mais en anticipation de la douleur que je vais subir. Je teste le fonctionnement en bougeant mes doigts, vérifiant que le système de chauffage par magnétisme est encore optimal. Je vois le bout chauffer, sentant la chaleur passer à travers les protections et les rembourrages du gant, le système d'eau n'étant pas assez. Je mordit le vide, serrant les dents pour ne pas me blesser par accident quand j'allais l'utiliser. Je pointis la paume vers la cage et lanca le gant-soudeur. La chaleur.... elle fut infernale. Je me retennait de hurler, gémissant sous la douleur horride alors que les barres se ramolissent et fusionnent, créant un assemblage capable de me soutenir. Je souffle, sentant encore la brûlure. Je commence à me relever enfin. Il... Il me faut... Il me faut du feu, de la chaleur, de la protection et enfin il me faut trouver de la civilization!
Je jette le gant-soudeur à terre, son utilitée arrivant à terme. Il me faut quelquechose de plus concret comme arme défensive. J'ignore encore dans quel type d'environement je me trouve à présent... Je fouille et je trouve près d'un cadavre aux couleurs du Compost un fusil magnétique. Il est chargé, dernier modèle. J'ai bien fait de les avoir faits ceux-là, hein? Je le met par dessus mon épaule et cherche des outils, le minimum mais qui fonctionne.
Je regarde les arbres et écoute attentivement. Je ne crois pas que je suis seul. Je commence à avancer en direction de l'endroit plus ouvert que je vois, poussant à travers la neige.
J'ignore où je suis.
J'ignore ce qu'est cet endroit.
Mais je suis Viktor Rosenbaum.
Je suis le plus grand génie de mon temps.
Je saurais rentrer chez-moi!